Gorbatchev réclame l'annulation des législatives russes
Les manifestations se poursuivent en Russie contre les résultats des élections de dimanche. L'opposition a reçu le soutien de l'ancien numéro un soviétique.
Mercredi 7 décembre au soir, la police a procédé à de nouvelles interpellations à Moscou et Saint-Pétersbourg, les deux principales villes du pays. Mais malgré la répression, l'opposition russe continue de protester contre la victoire de Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, aux élections législatives du dimanche 4 décembre. Où en est la mobilisation ?
• Mikhaïl Gorbatchev : "il y a eu beaucoup de falsifications"
L'opposition russe a reçu mercredi le soutien de Mikhaïl Gorbatchev, l'ancien dirigeant soviétique. "Je considère que les autorités ne peuvent prendre qu'une seule décision : annuler les résultats des élections et en organiser de nouvelles", a affirmé le prix Nobel de la Paix.
Et d'ajouter : "La direction du pays doit reconnaître qu'il y a eu beaucoup de falsifications et de manipulations, et que les résultats ne reflètent pas la volonté des électeurs."
• Les manifestations se poursuivent
Depuis le début de la semaine, des manifestations sont organisées à Moscou et Saint-Pétersbourg. Même si le nombre de manifestants reste modeste, le mouvement est d'une ampleur sans précédent depuis les années 1990.
Mercredi, environ 250 personnes se sont rassemblées sur la Perspective Nevski, la principale artère de Saint-Pétersbourg. Une centaine d'entre elles ont ensuite été interpellées par la police.
A Moscou, les forces de l'ordre ont indiqué avoir arrêté cinq personnes place Trioumfalnaïa, lieu de manifestation mardi. Deux des leaders de la contestation, le cofondateur du parti Solidarnost Ilia Iachine et le blogueur Alexeï Navalny, ont été condamnés à 15 jours de prison.
De nouvelles manifestations devraient être organisées dans les prochains jours. Un appel à manifester samedi place de la Révolution, à deux pas du Kremlin, en plein centre de Moscou, a été lancé sur plusieurs réseaux sociaux par un groupe baptisé Manifestation pour des élections honnêtes.
L'ancien vice-Premier ministre Boris Nemtsov, un des leaders de l'opposition libérale, a invité toutes les formations politiques, y compris les nationalistes, à participer à cette mobilisation. "Seules de nouvelles élections sans censure peuvent montrer ce que veut peuple russe", a-t-il déclaré à la radio Echo de Moscou.
En réaction, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a estimé que les Russes ne voulaient pas de ces manifestations. "Personne ne veut le chaos", a-t-il affirmé.
• Le score de Russie unie surévalué de 20 points, selon une ONG
L'observateur citoyen, une ONG, a estimé, en se fondant sur les témoignages de volontaires, que le score de Russie unie, le parti de Poutine, arrivé en tête des législatives, était surévalué de 20 points. Crédité de 49,54 % des suffrages par la commission électorale, la formation aurait, selon l'organisation, obtenu 29,8 % des voix dans le pays, et 25,8 % à Moscou.
Lors du scrutin de dimanche, les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont noté des irrégularités fréquentes et évoqué du "bourrage des urnes".
• Une répression dénoncée par les Etats-Unis et l'Europe
Après avoir estimé, par la voix de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, que les élections n'étaient "ni libres, ni équitables", les Etats-Unis sont revenus à la charge mercredi. "Nous exprimons notre inquiétude au sujet du traitement réservé à tous ceux arrêtés en plein exercice de leur droit à manifester pacifiquement", a annoncé un porte-parole du département d'Etat.
Le gouvernement allemand a également demandé à la Russie de respecter "ses engagements démocratiques et constitutionnels", tandis que la France juge "préoccupante" la répression.
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