"Je prends le risque, Dieu me sauvera" : dans ce camp de migrants de la Manche, la menace d'être renvoyé vers le Rwanda par le Royaume-Uni ne dissuade personne

Alors que le Parlement britannique a adopté une loi permettant d'expulser les migrants arrivés illégalement en Angleterre vers le Rwanda, les candidats au départ qui patientent dans le Pas-de-Calais n'abandonnent pas leur projet de rejoindre les côtes anglaises.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Des exilés tentent de traverser la Manche depuis Loon-Plage, le 23 janvier 2022. (STEPHANE DUPRAT / HANS LUCAS)

Après des mois de bataille, le Parlement britannique a approuvé mardi 23 avril le projet de loi permettant l'expulsion de demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni vers le Rwanda. Mais ni cette décision, ni la nouvelle du drame survenu à Wimereux avec la mort de cinq personnes qui tentaient de rejoindre les côtes anglaises depuis Loon-Plage, ne dissuade les candidats au départ qui attendent au campement de cette commune du Pas-de-Calais.

Une association vient distribuer vêtements et chaussures aux femmes du campement de Loon-Plage et Manmat, un indien en France depuis quelques mois vient remplir deux jerrycans d'eau. Pour cet homme, l'Eldorado britannique reste la priorité numéro un, "pour assurer un avenir meilleur à nos familles, à nos enfants", assure-t-il.

"Les Anglais ne vont jamais laisser ça arriver"

Ni les cinq morts après le naufrage survenu mardi 23 avril que son ami et lui qualifient de "terrible nouvelle pour tous les migrants", ni la perspective d'être envoyé au Rwanda ne les arrêteront. Ils ont déjà tenté trois fois de passer en Angleterre et parient que le projet de loi ne sera pas appliqué. "Les Anglais ne vont jamais laisser ça arriver", pense-t-il. Et de préciser : "En tout cas, moi dès que la météo est bonne je retente d'aller en Angleterre. Je prends le risque. Dieu me sauvera."

Kasahaoi lui a très peur d'être envoyé au Rwanda. "Je ne connais rien à ce pays. On est tous un peu perdu dans mon groupe", confie-t-il. Mais "est-ce que c'est vrai d'abord", interroge-t-il. "On va quand même attendre un peu avant de retenter la traversée", assure-t-il. 

Mais la perspective d'être expulsé en Erythrée, son pays d'origine, le terrifie davantage "c'est une dictature, à cause de ma religion ce qui m'attend c'est la prison, la torture", alors dès qu'il a aura assez d'argent pour le passeur, il reprendra la mer vers l'Angleterre pour la quatrième fois.

Reportage au camp de migrants de Loon-Plage, dans le Pas-de-Calais, par Sandrine Etoa-Andegue

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