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Dans le camp de migrants d'Idoméni, les enfants sourient malgré tout

Selon les différents organismes sur place, plus de 4 000 enfants vivent dans le camp qui s'est installé à la frontière gréco-macédonienne. Reportage.

Article rédigé par Louis San - envoyé spécial à Idomeni
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Un enfant dans une tente dans le camp d'Idomeni (Grèce), le 16 mars 2016. (LOUIS SAN / FRANCETV INFO)

Lors d'une distribution de chaussures dans le camp de migrants d'Idoméni, à la frontière gréco-macédonienne, une petite fille d'environ 7 ans récupère une paire de chaussures neuves et colorées, mercredi 16 mars. Elles sont encore dans leur boîte. La couleur ne lui convient peut-être pas, la pointure n'est peut-être pas la bonne. Elle les donne à une autre petite fille qui se tient prêt d'elle. Elle lui explique qu'elles devraient lui aller. Les deux filles ne sont visiblement pas très proches. Sont-elles amies depuis peu ? Aucune idée. Mais un sourire large et gêné se dessine sur le visage de la seconde. La première, elle, hôche la tête, en riant, les yeux écarquillés, pour dire "oui, oui, accepte".

Les sourires, à Idoméni, on les trouve plus facilement sur les visages des enfants que sur ceux des adultes. Quelque 12 000 personnes sont installées là-bas, dans un camp prévu pour en accueillir 1 500. Les enfants représentent 40% de cette population. Il y en a beaucoup. Partout. Des bébés, des enfants en âge d'être à la maternelle, en primaire, et des adolescents. Impossible de faire un pas dans le camp sans entendre au moins un enfant. Ils rient, crient, pleurent, chahutent. Bref, ils vivent. Et ils font autant de bruit que les adultes. Voire davantage.

Des regards malicieux croisés dans le camp

"Hellooooo !" En déambulant dans le camp, les enfants interpellent souvent les journalistes et les volontaires des ONG avec ce mot, le seul mot d'anglais qu'ils connaissent. Le regard à la fois interrogatif, curieux et malicieux, ils lèvent une main, l'agitent en guise de salut et attendent un signe en retour. Ils ne quémandent rien. Ils demandent, au pire, un peu d'attention, que l'on joue avec eux deux minutes. Ou souhaitent s'amuser quinze secondes, le temps de poser pour une photo.

La vie est éprouvante dans le camp. A l'absence totale de confort, s'ajoutent le froid, l'humidité et la boue envahissante. Au milieu de cette situation hautement précaire, le risque sanitaire est important : manque de commodités, risque de malnutrition, diarrhée, gastro-entérite, infection des voies respiratoires, etc. Des infections qui ne sont pas arrangées par les fumées toxiques émanant des couvertures, des vêtements et des bâches en plastique qui sont brûlés faute de trouver du bois sec, un bien rare.

Compte tenu de ces conditions extrêmes, les nombreux enfants font l'objet d'une grande attention. Ils font partie des personnes considérées comme les plus vulnérables, à l'instar des personnes âgées, même si "contrairement aux personnes âgées, les enfants ont de la réserve", commente la Française Isabelle Bouton, infirmière chez Médecins du monde, interrogée par francetv info.

"Les enfants gardent le sourire"

L'ONG Save The Children, présente à Idoméni, a pour principale mission de protéger les enfants, veiller à leur santé physique et mentale. Gabriele Casini, membre de l'organisation, explique également qu'il s'agit de protéger les enfants de l'exploitation. Comme "empêcher qu'ils soient utilisés pour vendre des choses [comme des cigarettes ou de la nourriture] qui vont rapporter de l'argent à d'autres". Des activités que francetv info a toutefois pu constater dans le camp, notamment à l'entrée où fleurissent les étals en tout genre.

Au cœur du camp, Save The Children dispose d'une tente où ne peuvent entrer que les enfants et leurs mères. C'est un havre de paix, où ils peuvent s'installer pour être au chaud, et jouer.

Une volontaire de l'ONG Save The Children joue avec des enfants au camp de migrants d'Idomeni (Grèe), le 16 mars 2016. (LOUIS SAN / FRANCETV INFO)

Le dessin est également un bon moyen de sonder l'état d'esprit des enfants, eux qui ont fui la violence, les bombes, la guerre et qui, avant d'arriver à Idoméni, ont vécu un long périple. "Contrairement à ce que l'on peut penser, quand les réfugiés arrivent au camp, ils sont plutôt en bonne santé, explique Isabelle Bouton. C'est plutôt moralement qu'ils sont plutôt épuisés."

Des dessins d'enfants dans la tente de l'ONG Save The Children, à Idomeni (Grèce), le 16 mars 2016. (LOUIS SAN / FRANCETV INFO)

Un dessin d'enfant dans la tente de l'ONG Save The Children, au camp d'Idomeni (Grèce), le 16 mars 2016. (LOUIS SAN / FRANCETV INFO)

"Tout est extrêmement difficile ici", commente Gabriele Casini. Divertir les enfants l'est également. Par exemple, les jouets sont rares dans le camp. Résultat : une distribution de quelques petites trompettes en plastique crée une mini-bousculade. A tel point que certaines se retrouvent au sol, écrasées puis recouvertes de boue. Il n'y en a pas pour tout le monde. Peu importe, on se chamaille mais on se les prête.

Des enfants s'agitent autour d'un homme qui distribue des petites trompettes en plastique, dans le camp de migrants d'Idomeni (Grèce), le 16 mars 2016.  (LOUIS SAN / FRANCETV INFO)

"Pour Save The Children, c'est plus facile que pour d'autres ONG qui sont en contact avec des adultesLes enfants gardent le sourire. C'est agréable pour nous de travailler avec eux", conclut Gabriele Casini.

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