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Témoignage Guerre en Ukraine : violée à plusieurs reprises par des soldats russes à Boutcha, Ekatarina est accusée de collaboration par ses voisins

C'est un des témoignages forts qui a marqué la première année de la guerre en Ukraine. Celui d'Ekatarina, cette mère de Boutcha, violée durant deux semaines par les soldats russes durant l'occupation de sa ville. Aujourd'hui, cette femme et sa fille sont accusées d'avoir collaboré par les autorités ukrainiennes.
Article rédigé par franceinfo, Maurine Mercier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La découverte de Boutcha après le retrait des troupes russes, le 4 avril 2022. (Benjamin THUAU /RADIO FRANCE)

Elles ont porté plainte pour les viols subis durant l'occupation. Ekatarina et sa fille avaient ému le monde entier avec leur témoignage. Le témoignage de cette mère de Boutcha, violée durant deux semaines par les soldats russes, durant l’occupation de sa ville, a fait la une de l'actualité de nombreux jours. Pourtant, aujourd'hui, ces deux femmes sont loin d'être protégées. Au contraire : elles sont accusées d'avoir collaboré.

>> Guerre en Ukraine : une mère et sa fille racontent deux semaines de viols et de terreur à Boutcha

Ekatarina et sa fille vivent toujours dans la même maison. Les vitres, soufflées par les bombes, n’ont pas été remplacées. Aujourd'hui, la fille d’Ekatarina, 14 ans dorénavant, vit dans la peur : "La police est venue, elle nous accuse d'avoir collaboré avec les Russes."

"C'est un policier qui vit dans la même rue que nous qui a lancé la rumeur."

La fille d'Ekatarina, 14 ans

à franceinfo

"Ils ne comprennent pas comment on a pu survivre..."

Sa mère subit des flots d'insultes dans sa propre ville. "Il m’a dit : 'Espèce d'ordure, je vais te mettre en prison, je vais te mettre en prison pour collaboration'. Je lui ai répondu : 'Qu’est-ce qui te prends ! La situation est claire, ils ont déjà contrôlé tout le monde, les autorités ont tout vérifié.'  Un jour, ce policier a baissé son pantalon devant ma mère et lui a montré son sexe", dénonce-t-elle. En arrière-fond, la grand-mère pleure.

Cette vieille dame n'avait pas pu quitté la ville en raison de problèmes de santé. Et voilà pourquoi les trois femmes étaient donc restées sur place. "'Pourquoi êtes-vous restées sous l'occupation ?', nous demandent-ils", confie Ekatarina. Et sa fille de préciser : "Ils ne comprennent pas comment on a pu survivre..."

"Je ne veux pas partir d'ici"

Et à ce policier qui laisse entendre que ces femmes auraient pu faire autrement, Ekatarina, répond, au contraire, que résister, c'était se faire tuer. "Les soldats russes hurlaient :  'Je n’en ai rien à foutre, je vais lancer une grenade ici, ta maison va partir en flammes. J’arrive de Biélorussie, j'ai servi là-bas. Je n'ai pas vu de femme depuis six mois ! Je me fous de ce que tu me dis, j'ai du sperme plein la tête !' Je leur ai dit : 'Ne touchez pas à ma petite'. C’est eux qui avaient le pouvoir. Je ne pouvais pas leur enlever leur arme."

Si Ekatarina n'avait pas craqué au départ des Russes, en avril 2022, cette fois-ci, face à ces accusations, la mère de famille s'effondre et sanglote. Aux cauchemars, aux viols multiples subis, vient s'ajouter le fait d'être accusée par des gens, des voisins, avec qui elle a vécu toute sa vie. Violée, puis soupçonnée au lieu d'être protégée, Ekatarina compte-t-elle quitter Boutcha ? Elle sèche ses larmes et répond : "Je ne veux pas partir d'ici. Que les policiers fouillent nos téléphones, qu'ils me mettent sur écoute, qu'ils fassent ce qu'ils veulent !"Le temps le dira, il montrera que je ne suis pas coupable.". On a survécu, comme on vous l'a raconté." Et de conclure : "Le temps le dira, il montrera que je ne suis pas coupable."

Le témoignage d'Ekatarina et de sa fille au micro de Maurine Mercier

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