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Les polices bulgare et grecque viennent de démanteler un trafic de bébés bulgares vers la Grèce

10 Bulgares et deux Grecs ont été arrêtées lors de cette opération préparée depuis six mois par les autorités des deux pays, a précisé le ministre bulgare de l'Intérieur.Ils sont accusés d'avoir vendu les bébés d'au moins 17 femmes bulgares d'origine rom, âgées de 18 à 40 ans, qui ont accouché dans une clinique de Lamia (centre de la Grèce).
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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La plupart des bébés enlevés sont originaires de la communauté rom (ici enfants roms près de Strasbourg) (AFP - FREDERICK FLORIN)

10 Bulgares et deux Grecs ont été arrêtées lors de cette opération préparée depuis six mois par les autorités des deux pays, a précisé le ministre bulgare de l'Intérieur.

Ils sont accusés d'avoir vendu les bébés d'au moins 17 femmes bulgares d'origine rom, âgées de 18 à 40 ans, qui ont accouché dans une clinique de Lamia (centre de la Grèce).

Le réseau démantelé a profité d'une législation grecque plutôt laxiste...

Enlèvements
"L'enquête se poursuit pour retrouver les bébés vendus et les intermédiaires, médecins, avocats ou notaires" a indiqué le chef de la brigade grecque de lutte contre le trafic d'être humains. "Relevant plutôt au départ d'affaires isolées, ce trafic offre un nouveau débouché au crime organisé, en particulier à la mafia bulgare, avec de nombreux enfants impliqués", a-t-il ajouté.

Se signalant par des méthodes "violentes", le groupe démantelé avait enlevé de force leurs enfants à un tiers des mères recensées, recrutées parmi la communauté rom, a précisé le responsable policier. Les autres n'ayant touché "qu'environ 10 %" du "prix" des bébés, environ 2000 euros, a-t-il ajouté.

Un seul enfant, une fillette de 25 jours, retrouvée au domicile du chef présumé du gang, un Bulgare, a jusque-là pu être rendue à sa mère.

Loi inadapté ?
Le réseau qui vient d'être démantelé a su utiliser à son profit les failles de la loi grecque. Laquelle autorise les adoptions privées sur la base d'un accord financier, conclu devant notaire, de la mère naturelle et des parents adoptifs. "Depuis qu'elle est entrée en vigueur en 1996, tous les spécialistes de l'enfance réclament qu'elle soit abolie, ou au moins réformée pour imposer un contrôle", analyse le responsable d'un service public de placement et d'adoption, Dimitris Vezyrakis.

"Le problème, c'est qu'il est très difficile de prouver l'achat-vente. Il y a donc beaucoup d'impunité", commente un expert de la protection des mineurs, sous couvert d'anonymat.

La loi prévoit pourtant un minimum de garanties: l'adoption doit en principe être validée sous six mois par une décision de justice et des travailleurs sociaux sont censés assurer un contrôle de la vie familiale. Mais la pénurie "d'assistants sociaux, un pour 200.000 habitants en Grèce, rend difficile tout suivi sérieux", souligne Dimitris Vezyrakis.

Les tribunaux avalisent le plus souvent l'accord conclu devant notaire. Des chiffres récents attestent d'ailleurs de l'ampleur du phénomène: pour la seule région d'Athènes, sur 90 % des 600 adoptions annuelles sont réalisées dans le cadre de cette loi. A l'inverse de ce qui se passe dans des pays comme la France, les
parents grecs adoptent encore peu dans les pays pauvres.

D'une manière générale, ceux-ci pensent que "les services publics de leur pays ne sont pas à la hauteur", constate Dimitris Vezyrakis. "Ils nous accusent de faire traîner les demandes d'adoption quatre ou cinq ans, ce qui est faux. Ce délai est dû au fait que nous devons trouver les enfants que les couples réclament, très jeunes et en pleine santé", souligne-t-il.

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