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Le choix de l’Europe

Dans son livre «L’Europe Les défis à venir de la première puissance économique mondiale» Elisabeth Guigou démontre que, malgré retards et atermoiements pendant la crise, Angela Merkel a bien fait le choix de l’Europe. Les dernières nominations au gouvernement français laissent planer le doute sur l’engagement de la France. François Hollande a-t-il, lui aussi, fait le choix de l’Union Européenne ?
Article rédigé par Véronique Auger
France Télévisions
Publié
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  (AP)

Quand on écoute ses principaux ministres parler, la réponse à cette question n’est pas facile à élaborer. Ils sont nombreux à avoir appelé à voter non au Référendum sur la Constitution européenne : Laurent Fabius, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Bernard Cazeneuve. Et bien sûr le premier d’entre eux Manuel Valls qui, après avoir fait campagne pour le non, avait rallié le oui décidé par la majorité des militants du Parti socialiste lors un référendum interne.

Ce n’est pas tant qu’ils aient choisi le non à la Constitution qui pose question. Cette Constitution était effectivement une auberge espagnole permettant tout et son contraire. Ce qui pose question c’est que ni les uns ni les autres n’ont donné depuis une vision claire de l’Union européenne dont ils rêvent. Au mieux, ils apparaissent contre, tout contre, pourrait-on dire en parodiant Sacha Guitry. Et ce ne sont pas les dernières déclarations du gouvernement qui permettent d’améliorer ce flou. « L’Europe doit changer et alimenter les sources de croissance » affirme Arnaud Montebourg, le nouveau ministre de l’économie. Ok mais comment ? Michel Sapin, le ministre des finances, s’apprête à demander un report des engagements de la France en matière de déficit budgétaire. Pourquoi, à peine élu, François Hollande a-t-il demandé à l’Assemblée nationale de ratifier le Traité budgétaire si c’est pour mendier ensuite des dérogations ?

Certains se rassurent en rappelant que le Président de la République est lui-même très favorable à l’Union européenne. Il a été le disciple de Jacques Delors et puis, n’a-t-il pas été  député européen, élu à la tête de la liste présentée PS/PRG/MDC en 1999? Son discours avait bien du être convainquant puisque il avait remporté haut la main les élections.
C’est oublier qu’il n’est même pas resté un an à Bruxelles et Strasbourg. Les élections ont eu lieu le 13 juin. Il a rendu son mandat le 17 décembre (trois mois après Nicolas Sarkozy, certes.)

L’excellent documentaire « Que se passe-t-il dans la tête de François Hollande ? » que va diffuser France 3 ce lundi 7 avril en première partie de soirée relativise encore un peu plus son engagement européen. Dans ce film captivant écrit par Franz-Olivier Giesbert et Laurent Portes, il faut écouter Jean Christophe Cambadelis raconter comment François Hollande, alors Premier secrétaire du PS, a d’abord laissé Jack Lang se démener pour conduire la liste du parti aux Européennes puis, quand il a vu que la victoire était au bout du fusil, a décidé de prendre la tête de liste à sa place.
En l’état actuel des choses, ce manque d’envie ne permet pas de penser que le Président français va faire, comme l’Allemagne, le choix de l’Europe.

N.B: Elisabeth Guigou, L'Europe Les défis à venir de la première puissance économique mondiale, Editions le Cherche Midi, 2014

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