Brexit : "La construction européenne a été lancée sans les Britanniques, elle continuera sans eux"
La Première ministre britannique a signé la lettre enclenchant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. "La vie continue" a estimé mercredi Yves Bertoncini, directeur de l'Institut pro-européen Jacques Delors et président du Mouvement européen.
"La vie continue, la construction européenne a été lancée sans les Britanniques, elle continuera sans eux", a affirmé Yves Bertoncini, directeur de l'Institut pro-européen Jacques Delors et président du Mouvement européen, mercredi 29 mars sur franceinfo.
La Première ministre britannique Theresa May a officiellement lancé la procédure de sortie de l'Union Européenne. "Un divorce, ce n'est jamais plaisant, mais ça se passe bien s'il y a de la bonne volonté de chaque côté", a réagi Yves Bertoncini.
franceinfo : Donald Tusk a expliqué à l'adresse des Britanniques : "Vous nous manquez déjà", quelle est votre réaction ?
Yves Bertoncini : Ils nous manquent déjà... sauf qu'ils sont toujours là ! Émotionnellement, Donald Tusk peut être affecté, mais ce qu'a fait aujourd'hui Theresa May c'est lancer la procédure de divorce. Il n'est pas encore prononcé. C'est une mauvaise nouvelle quand on regarde le monde. Nous pensons que l'union fait la force face à Vladimir Poutine, face à l'État Islamique, le changement climatique et dans un monde très instable auquel Donald Trump ajoute de l'instabilité. Les Européens représentent 7% de la population mondiale, ce ne sera plus que 6% quand les Britanniques nous auront quitté, et puis bientôt plus que 5%. Et en même temps, la vie continue, la construction européenne a été lancée sans les Britanniques, elle va continuer sans eux.
Les négociations peuvent-elles aboutir en seulement deux ans ?
Si chacun y met du sien, elles aboutiront. Il y a deux négociations : la sortie, et puis comment on transforme ce mariage en contrat d'union civile, autrement dit un nouveau partenariat. On pourra ménager quelques périodes transitoires, pour aller jusqu'au bout de la sortie et entrer dans la nouvelle relation. On peut y arriver en deux ans, c'est ce que prévoient les traités européens. Il va y avoir une réunion des chefs d'État et de gouvernement le 29 avril, après ce qu'il faut voir c'est dans quel climat politique ces négociations s'engagent. Un divorce, ce n'est jamais plaisant, mais ça se passe bien s'il y a de la bonne volonté de chaque côté.
Faut-il repenser cette union à 27, comme semble le dire François Hollande qui invite à réfléchir à une Europe à plusieurs vitesses ?
Oui. Mais indépendamment du Brexit, le monde nous invite à relancer la construction européenne. Vladimir Poutine, la finance folle, l'État Islamique, les vagues migratoires incontrôlées, le changement climatique, nous y invitent, et Donald Trump y ajoute quelque chose : jusqu'ici l'Union européenne était appuyée par les Américains, il semble désormais qu'elle le soit moins. Cette Europe doit notamment miser sur la sécurité, face à la menace terroriste, mais aussi face à l'agressivité russe. Il peut y avoir un groupe de pays pionniers qui avanceront plus vite et plus loin. Mais il faut aussi aller à pleine vitesse au niveau de l'Europe toute entière pour organiser la réponse au changement climatique à 27 par exemple. Il faut une Europe à géométrie variable avec à plusieurs niveaux.
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