L'Albanie candidate à l'UE: le peut-mieux-faire de Bruxelles
L'annonce de l'UE représente une bouffée d'air pour l'Albanie qui aspire à être candidat à l'Europe depuis 2009. Mais la commission européenne gère avec une grande prudence l'élargissement de l'Union qui est passée de 15 à 28 membres en 10 ans. «Ce n'est pas du pilotage automatique», mais un acte politique qui permet aux Etats-membres, désormais très réticents à ouvrir la porte à des voisins difficiles, «de diriger le processus», a affirmé avec prudence le commissaire européen Stefan Füle. Les 28 pourraient confirmer le 22 octobre la candidature albanaise. Voici les principaux éléments du rapport de l'Europe sur le «pays des aigles» (traduction littérale du nom du pays en albanais).
Le crime organisé
A propos de l'Albanie, Bruxelles met notamment en avant le fait que Tirana «a pris les premières mesures en vue d'améliorer l'efficacité des enquêtes et des poursuites dans la lutte contre le crime organisé et la corruption».
Pour les responsables européens, l’Albanie a fait «des progrès» vers la réalisation des critères de Copenhague qui listent les conditions politiques, économiques et communautaires que doivent remplir les pays candidats à l’Union.
C’est ainsi que la Commission donne un satisfécit à Tirana sur la façon dont se sont déroulées les dernières élections législatives de juin 2013. «Le processus d'adhésion à l'UE est un objectif national qui nécessitera une transformation de la société albanaise conformément aux valeurs et aux principes européens», avait d’ailleurs affirmé Edi Rama, le socialiste désigné Premier ministre à l’issue de ces élections.
Saluant des évolutions en matière de droit (réforme judiciaire), lutte contre la corruption et sur le blanchiment d’argent, Bruxelles estime cependant que «des efforts supplémentaires et soutenus» sont nécessaires pour se conformer aux critères européens.
L'un des pays le plus pauvres d'Europe
Sur le plan économique, l’UE se félicite de la «stabilité macroéconomique» de l’Albanie. Mais Bruxelles montre qu’en cas d’ouverture à l’Europe, la situation ne sera pas facile. Le pays «devrait être en mesure de faire face aux pressions concurrentielles et aux forces du marché au sein de l'Union à moyen terme, à condition d’accélèrer les réformes structurelles, y compris par le renforcement de la primauté du droit, la lutte contre la corruption, la situation des arriérés de paiement, ainsi que le développement des infrastructures et la valorisation du capital humain...» En clair, l’Albanie n’est pas au niveau.
L'Albanie est l'un des pays les plus pauvres d'Europe, avec environ 14,3% de la population vivant sous le seuil de pauvreté, avec moins de deux dollars par jour, selon les statistiques nationales. Le taux de chômage est de 14% et la dette publique a atteint plus de 60% du PIB. L’Albanie est peuplée de 2,8 millions d’habitants et a réussi à maintenir une croissance de 3-3,5% par an malgré la crise. Mais l’endettement du pays s’est accru alors que les exportations ont reculé du fait de la crise en Europe et en Italie, notamment.
Afin d'être en mesure de passer à l'étape suivante des négociations d'adhésion, l’Europe estime que Tirana doit encore prendre des mesures, jugeant que les progrès ont été «modérés dans sa capacité à assumer ses obligations». Pour les 28 (le dernier pays à être devenu membre est la Croatie), «l'Albanie a besoin de s’engager sur de nouvelles priorités, avec un accent particulier sur la réforme de l'administration, la primauté du droit et les droits fondamentaux». Bref, l'Albanie a encore du travail.
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