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Intervention de la France au Mali : 100 rebelles tués

Les bombardements aériens français et les combats autour de la localité de Konna, dans le centre du Mali, se sont poursuivis samedi et dimanche, faisant plus de 100 morts dans les rangs des rebelles et des forces gouvernementales, au deuxième jour de l'opération "Serval" qui durera, a réaffirmé François Hollande, "le temps nécessaire".
Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Franceinfo (Franceinfo)

"Grâce au courage de nos soldats, un coup d'arrêt a été porté
et de lourdes pertes ont été infligées à nos adversaires
", expliquait François
Hollande dans une courte intervention à l'issue d'un conseil de défense tenu
samedi
. Selon le président de la République, l'opération engagée avec l'aide de
la France
contre les islamistes au Mali aurait déjà permis de porter un "coup
d'arrêt
" à la progression de la rébellion. L'armée française, dimanche, poursuivait ses raids aériens, bombardant pour le troisième jour consécutif les pick-ups des rebelles islamistes. Les responsables de la force de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) étaient attendus dans la journée de dimanche pour organiser l'arrivée des troupes ouest-africaines chargées, avec l'aval de l'Onu, de déloger les groupes liés à Al Qaida qui occupent le nord du pays depuis neuf mois.

"Notre mission n'est pas achevée (...) Dans les jours qui
viennent, notre pays poursuivra son intervention.",
ajoutait François
Hollande, en précisant que les moyens déployés par la France devaient être
limités au soutien de l'intervention africaine au Mali. L'intervention, selon
lui,  "consiste à préparer le
déploiement d'une force d'intervention africaine pour permettre au Mali de retrouver
son intégrité territoriale
" conformément aux résolutions du conseil de
sécurité de l'Onu. 

Les troupes de la Cédéao attendues lundi

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao)
réclamait depuis de longs mois une intervention internationale contre les
combattants d'Ansar Dine et du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique
de l'Ouest (Mujao), lié à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Les événements
se sont accélérés cette semaine avec la reprise de la progression des rebelles
vers le sud du Mali, en direction de Bamako, la capitale : l'essentiel des
forces de la Cédéao, dont les premiers éléments sont attendus lundi, devrait
venir du Nigeria, du Niger, du Sénégal et du Togo. Elles seront placées sous le
commandement du général nigérian Shehu Abdulkadir.

"Les choses accélèrent. La reconquête du Nord est en cours.
Lundi au plus tard, les troupes seront là-bas ou commenceront à arriver
",
annonçait samedi le ministre ivoirien de l'Intégration, Ali Coulibaly, dont le
pays assure la présidence tournante de la Cédéao. Le Burkina Faso, qui a tenté
une médiation avec certains groupes islamistes, a annoncé samedi qu'il procéderait
rapidement au déploiement de 500 militaires au Mali.

De nombreux morts des deux côtés

Un officier du QG des forces maliennes à Bamako dénombre "plus
de 100
" rebelles tués, tandis qu'un commerçant de Konna a comptabilisé,
lui, 148 cadavres : parmi eux, des dizaines de soldats gouvernementaux. La bataille pour la reconquête de Konna a également fait onze
morts et une soixantaine de blessés dans les rangs de l'armée malienne, selon
un responsable de la présidence malienne. Selon Human Rights Watch, une dizaine de civils ont également
été tués, dont trois enfants qui se sont noyés en tentant de traverser une
rivière pour échapper aux combats. C'est la prise de Konna, jeudi, qui a fait
basculer le conflit malien et précipité l'intervention de la France. Cette localité
a en effet une importance stratégique puisqu'elle se trouve à proximité de
Mopti, le dernier verrou avant Bamako et le Sud malien.

"L'hôpital de la ville déborde de blessés et de cadavres ",
explique un habitant de Goa, une des principales villes du Nord tombées aux
mains des insurgés au printemps dernier. La France s'est contentée de dire que
les rebelles avaient été repoussés de "plusieurs dizaines de kilomètres ".

Soutiens de Londres et de l'Union européenne

Depuis le début de l'opération Serval, Paris inscrit son action
dans le cadre de la légalité internationale, invoquant la résolution 2085 du
Conseil de sécurité de l'Onu, adoptée le 20 décembre. Au cours d'une discussion
téléphonique, le Premier ministre britannique, David Cameron, a fait part à
François Hollande du soutien de la Grande-Bretagne et a proposé des moyens de transport
militaire, deux avions C-17. Reçu à l'Elysée, le président de la Commission
européenne, José Manuel Barroso, a "réaffirmé le soutien de l'Union européenne
à la défense de l'intégrité du Mali et donc à l'intervention militaire en cours
".

La veille, le Pentagone avait dit réfléchir à de possibles partages
de renseignements avec les Français et à un appui logistique. De source
française, on souligne que les moyens américains d'observation, dont les drones
de surveillance, seraient d'une grande valeur dans le Nord désertique du Mali,
un pays grand comme deux fois la France.

Menaces sur les otages français au Sahel

Mais l'intervention, qui fait pour le moment la quasi-unanimité
dans la classe politique française, comporte des risques, notamment pour les
otages français dans la région. Neuf Français sont actuellement retenus en
otages, huit au Sahel et un en Somalie. Ce dernier, un agent de la DGSE
présenté sous le nom de Denis Allex, a été enlevé en juillet 2009 à Mogadiscio
par les milices islamistes d'Al Chabaab. Le service action de la DGSE a mené
dans la nuit de vendredi à samedi une opération pour tenter de libérer son
agent : l'opération n'a pas pu aboutir , malgré la mort de deux soldats
et l'assassinat probable de l'otage.

Les rebelles islamistes, en Somalie comme au Mali, ont prévenu la
France samedi que ses dernières initiatives en Afrique auraient des "conséquences "
pour ses otages et ses ressortissants
 : c'est dans ce contexte que le plan
Vigipirate de protection des lieux publics et des infrastructures de transport
a été renforcé partout dans l'Hexagone
.

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