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Européennes : face à la montée des extrêmes, l'inquiétude des partis

C'est une des données clé ce scrutin : la montée des extrêmes. En France, le Front national caracole en tête des sondages. Du coup, les partis politiques dits "traditionnels", plus modérés, aiguisent leurs arguments.
Article rédigé par Laëtitia Heuveline
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
  (Montée des populismes un peu partout en Europe... © European Union)

"Du grand n'importe quoi", "un futur chaos", "une apocalypse" ... Cette victoire annoncée fait frissonner, plus encore après la victoire du Front national aux municipales. D'après les analystes, cette poussée du populisme, des europhobes, est liée à un constat tout bête : on parle de l'Europe une fois tous les cinq ans et c'est pour se défouler. Entretemps, l'Union est présentée comme bouc émissaire. Difficile donc de ne pas prendre ce scrutin comme l'endroit rêvé de la contestation.

 

 

 

  (Vincent Peillon, tête de liste PS dans le Sud-Est  © Radio France - Gilles Halais)

 

 

 

Pourtant, Vincent Peillon, tête de liste socialiste dans le Sud-Est essaye de relativiser à sa manière : "Le fascisme commence d’abord dans les têtes avant d’être dans les urnes. Il n’y a eu que 80 députés pour ne pas voter les pleins pouvoirs à Pétain. Et là je vois la France prise dans une tentation mauvaise sans mesurer la gravité visiblement de ce qui est en train de se produire. " Vincent Peillon qui précise que, si le Front national est en tête, c'est que les autres ne seront pas allés voter. Il appelle donc à une insurrection républicaine démocratique de tous les progressistes.

Brice Hortefeux, lui, se veut simplement vigilant et accuse les médias. "La réalité c’est que le Front national bénéficie d’une exposition médiatique permanente", d’après l’ancien ministre UMP tête de liste aux européennes dans le Massif central. "Le FN est donné en tête dans certains sondages mais de très peu, d’autres enquêtes montrent que l’UMP en en bonne position et j’espère que ce sera le cas. "

Problème : le Front National prône une sortie de l'Europe, un paradoxe. Alors que vont-ils faire s'ils sont élus ? La réponse nous vient de Florian Philippot, tête de liste dans l'Est. "Nous allons  nous battre concrètement contre le traité transatlantique, par exemple, ou les élargissements prévus de l’Union européenne. C’est ça l’intérêt d’avoir des députés patriotes au Parlement européen. Je crois que c’est beaucoup plus important d’en avoir que cette masse de députés de l’UMP et du PS qui, de toute façon, votent ce qu’on leur demande de voter. "

 

 

 

  (José Bové, tête de liste EELV dans le Sud-Ouest © Radio France - Laetitia Heuveline)

 

 

 

Seulement, la problématique est beaucoup plus large pour José Bové - le responsable d'Europe Ecologie les Verts se présente dans le Sud-Ouest. Ce débat pose, d'après lui, une question véritablement centrale : "Comment on remet de la cohérence entre de l’engagement et ce qu’attendent les gens ?" Et de poursuivre : "C’est pour cela que je pense qu’il faut que les députés européens n’aient qu’un mandat et soient présents. Parce que ceux qui ont les discours extrémistes sont ceux qui sont les moins présents au Parlement européen et qui ne font aucune proposition concrète. Le vote extrémiste n’apportera rien dans la mesure où ceux qui seront élus n’ont aucune envie de faire avancer l’Europe. "

Alors concrètement, même si le Front National envoie une vingtaine de députés à Strasbourg et parvient à constituer un groupe politique (il faut pour cela 25 députés provenant de sept pays) cela va surtout avoir une conséquence très néfaste, selon Patrick Le Hyaric pour le Front de Gauche. Cela va "déplacer le centre de gravité du Parlement européen vers la droite la plus conservatrice et va conforter un bloc central qui reconduira les politiques d’austérité et les politiques anti-démocratiques. "

 

 

 

  (François Asselineau, représentant de l'UPR en Ile-de-France © Radio France/ Laetitia Heuveline)

 

 

 

Certains partis plus modestes ont donc compris ce vote de colère et surfent un peu sur cette vague. C'est notamment le cas de l'UPR, l'Union populaire républicaine, un des rares partis avec le Front national à militer pour une sortie de l'Europe. Son représentant en Ile-de-France, François Asselineau, juge que "les Français votent à gauche ou à droite, mais ont en fait la même politique qu’ils détestent, une politique imposée par les traités européens. Ce sont les européistes qui sont aujourd’hui les populistes, ils disent : 'mais si on sort de l’Union, de l’euro, ça va être l’apocalypse !' Nous, nous disons, débattons-en, mais débattons-en entre gens sérieux ! "

Et justement Stéphane Guyot se présente comme quelqu’un de sérieux. Tête de liste des citoyens du vote blanc, il a la solution toute trouvée. Les mécontents, les électeurs en colère, ceux qui veulent se faire entendre mais ne se retrouvent pas dans la politique devraient avoir une issue et "si vraiment on vraiment on reconnaissait le vote blanc comme un suffrage exprimé, on pourrait faire baisser les voix de tous les partis, surtout du Front national. On ramènerait également les électeurs vers les urnes en leur offrant un outil d’insatisfaction. "

 

 

 

  (Sébastien Guyot, tête de liste des citoyens du vote blanc © Radio France/ Laetitia Heuveline)

 

 

 

Pour ce parti, une seule proposition de loi : la reconnaissance du vote blanc. Depuis février dernier les votes blancs sont décomptés mais n’entrent pas en compte dans la détermination des suffrages exprimés.

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