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Combattants européens en Syrie : un casse-tête pour la France

Une cellule chargée de recruter des volontaires pour aller combattre en Syrie a été démantelée le 19 juin en Espagne. Le phénomène des jeunes Européens qui vont combattre en Syrie inquiète de plus en plus les Etats du Vieux Continent.

Article rédigé par Michael Bloch
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un rebelle syrien pose devant un tank le 14 juin 2013 à Sarmin en Syrie. (MOHAMED KADDOUR / SHAAM NEWS NETWORK)

Soupçonnés de recruter des volontaires pour aller combattre en Syrie, huit personnes ont été arrêtées par les services de sécurité espagnoles vendredi 21 juin, dans l’enclave espagnole de Ceuta, au nord du Maroc. Elles sont poursuivies pour "appartenance à une organisation terroriste".

Le phénomène des jeunes européens qui vont combattre en Syrie inquiète de plus en plus les Etats du Vieux Continent, embarrassés de les voir, parfois, rejoindre des groupes djihadistes qui luttent contre le régime de Bashar-El-Assad. Francetv info fait le point.

Combien d’Européens sont partis en Syrie ?

Pour le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, ils sont près de 600 ressortissants européens à s'être rendus en Syrie pour combattre le régime de Bachar Al-Assad. Le ministre de l’Intérieur, qui a dévoilé ce chiffre lors d’une réunion européenne sur le sujet le 7 juin, juge le phénomène "très préoccupant par son ampleur", rapporte Le Monde.

Le président russe Vladimir Poutine a accrédité cette estimation en affirmant ce 21 juin, que près de 600 Européens et Russes combattaient à présent parmi les rebelles syriens. Le 22 mai, Le Figaro avait lui parlé de 800 Européens, citant un diplomate de l'Union européenne (UE), confirmées par un dirigeant de l'opposition. Parmi eux, entre 120 et 270 Français.

Pourquoi ces Européens partent en Syrie ?

Il existe des raisons multiples aux départ de ces jeunes musulmans vers la Syrie. Dans un rapport destiné aux Etats européens et révélé par Le Monde en mai, Yves de Kerchove, coordinateur de l'UE pour la lutte contre le terrorisme, cite pêle-mêle le "goût de l'aventure, la volonté de soutenir des frères opprimés ou de 'punir' l'Occident, prolongement d'un engagement religieux radical."

Pour ManueI Valls, les combattants français en Syrie sont avant tout des hommes "plutôt jeunes, d'origine très modeste, et pour la plupart convertis à un islam radical". Le ministre note que "tous ne sont pas des djihadistes et des terroristes", mais beaucoup ont rejoint la mouvance radicale affiliée à Al-Qaida, le fameux Front Al-Nosra, que l’ONU a qualifié d’organisation terroriste.

Pourquoi ces combattants inquiètent les services secrets européens?

Si tous les jeunes qui partent ne sont pas des terroristes en puissance, il y a néanmoins le risque qu’ils se radicalisent sur place en côtoyant "les éléments les plus dangereux dans un conflit qui s'éternise", estime Yves de Kerchove, cité par Le Monde. Mais ce qui inquiète particulièrement les États européens, c’est l'éventuel retour de ces jeunes combattants dans leur pays d’origine. "Si vous vous battez depuis plus d'un an en Syrie, le retour à une vie paisible, civile n'est pas facile", euphémisme Yves de Kerchove, dans le journal irlandais The Irish Times

Pour Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie et directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient interrogé par RMC, le risque est réel de voir ces combattants retourner leurs armes contre leur pays d'origine : "Une fois que ces personnes ont pris goût au maniement des armes, qu'elles ont subi un endoctrinement idéologique, tourné vers la destruction d'Israël, on voit ce qui peut se produire en France. Si des attentats en France peuvent aider ces objectifs, ils le feront."

Que faire pour lutter contre ce phénomène?

"On a un vrai problème politique et juridique. Le droit n'interdit à personne d'aller prendre un fusil et tirer dans un pays étranger", se lamentait le lundi 10 juin Pierre Lellouche dans l’émission Mots Croisés sur France 2. Un constat confirmé par le juge antiterroriste Marc Trévidic, "Il est difficile de leur dénier le droit d'aller résister à un pouvoir qui massacre sa population", expliquait-il en mai dans Le Figaro.

Le gouvernement français a bien fait voter une loi en décembre permettant de poursuivre des Français commettant des actes de terrorisme à l'étranger ou partant s'y entraîner au djihad. Mais dans les faits, il est difficile de prouver que ces ressortissants sont effectivement en Syrie pour recevoir un entraînement militaire et non pas pour lutter contre le régime de Bachar Al-Assad.

Seule une réponse européenne semble adaptée à la situation. "L'Europe peut apporter un plus avec sa capacité de produire des normes juridiques permettant d'incriminer le fait de partir s'entraîner au terrorisme", plaide Manuel Valls.

Pour le coordinateur européen contre le terrorisme, Yves de Kerchove, il est urgent de mieux surveiller les réseaux sociaux. "Les Etats membres de l’UE doivent miser sur Facebook, Twitter et Youtube pour mieux appréhender le problème des djihadistes européens qui partent combattre en Syrie. Nous savons que ce sont les canaux employés pour recruter les jeunes" , explique Yves de Kerchove, cité par le journal belge le Vif.

Pour prévenir le danger, les ministre européens pourraient s’orienter vers une meilleure surveillance des ordinateurs de "personnes soupçonnées de liens avec le terrorisme ou le grand banditisme", explique Le Monde. Une mesure qui résonne étrangement quelques jours après la révélation de l'espionnage réalisée par la NSA des données des utilisateurs de neuf géants américains de l'Internet.

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