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Catherine Trautmann, le choix de l'Europe

Certains noms ne vous seront pas inconnus, d’autres n’éveilleront sans doute rien en vous. Ils ne sont pas tous français, après tout ce Parlement est européen ! Une rapide fiche signalétique, un court portrait pas toujours totalement objectif et surtout trois questions : 1. Avez-vous l’impression d’être écouté, influent ? 2. Quelle est votre plus belle réussite ? 3. Votre plus beau flop ?
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min

 Dans l'hémicycle strasbourgeois (European Union 2014-EP)
  • Catherine
    TRAUTMANN
  • Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen
  • Membre
  • France
    Parti socialiste
  • Née le 15 janvier 1951, Strasbourg
                 http://www.catherinetrautmann.eu/


Cette femme a sans aucun doute la fibre européenne. Par conviction, mais aussi peut-être parce que la politique nationale et Paris ne lui auront pas fait de cadeau. Ministre de la Culture, ses décisions ont souvent heurté l’establishment parisien. Et malgré ses efforts pour remettre en route la délégation Socialiste Française au Parlement européen, une délégation exsangue et traumatisée après la déroute de 2009, voilà que la rue de Solferino la place en second sur la liste Grand Est. Derrière Edouard Martin, le syndicaliste de Florange. Peut-être une faute politique de la part du Parti Socialiste, de toute façon un camouflet qu’elle cache avec une certaine classe. Au point d’apparaitre peut-être comme un bon petit soldat. Attention au gâchis.
Cette femme brillante, un brin bavarde et digressive quand un sujet la passionne, est une vraie compétence. Cette ancienne Ministre de la Culture est aussi l’une des eurodéputées reconnue dès qu’il s’agit de parler des nouvelles techniques de communication. Et finalement, c’est sans doute cela qui dérange. Un appétit, une volonté, une curiosité, difficile à classer, à catégoriser. Certains la verraient bien prendre la Présidence du futur groupe socialiste au Parlement européen, d’autres l’enverraient volontiers à Bruxelles du côté de la Commission européenne. Ce qui est presque certain c’est que son horizon politique parait bien être européen. Il demeure tant de combats à réaliser, y compris la défense de Strasbourg comme siège du Parlement européen. L’ancienne maire de Strasbourg, elle est à l’origine du bâtiment strasbourgeois, s’attend d’ailleurs à d’autres rudes batailles. 


       
Pensez-vous avoir joué un rôle important lors de cette mandature ? Avoir été écouté ?
 
En tant que Présidente de la délégation Socialiste Française au Parlement Européen, je suis amenée à suivre de manière transversale tous les sujets. J'ai souvent joué un rôle important dans la recherche de consensus tant au niveau de notre groupe politique que du Parlement Européen.

La Délégation Socialiste Française ne compte aujourd'hui que 12 députés, mon rôle a été de m'assurer tout au long de ce mandat que la représentation des intérêts des socialistes français ne souffre pas de ce nombre. Dans cette approche de "groupe commando" (comme elle a parfois pu être qualifiée), il a donc fallu argumenter, persuader et travailler très en amont avec nos collègues d'autres nationalités et d'autres groupes politiques de façon à pouvoir dégager des majorités dans lesquelles nous puissions nous retrouver.

Votre plus belle réussite, fierté, gros coup ?
 
Dans la commission ITRE (industrie, télécommunications, recherche et énergie) dans laquelle je siège comme titulaire, nous débattons notamment des questions liées à la stratégie numérique. J'ai à ce titre pu suivre de très près le débat concernant ACTA, l'Accord Commercial Anti-Contrefaçon.

Dès le départ, cet accord négocié par la Commission Européenne a posé problème. Que ce soit par son flou juridique, l'opacité des négociations ou l'impact que de telles mesures pourraient avoir sur les libertés fondamentales des citoyens, l'accès aux médicaments génériques et la protection des indications géographiques protégées, nous n'avons eu de cesse d'en dénoncer les dérives sous-jacentes.

La protection de l'Internet ouvert et sa neutralité a été l'un des points les plus débattus.

Grâce à l'aide des citoyens européens qui se sont mobilisés en masse, nous avons pu obtenir un vote contre cet accord au Parlement Européen. C'est un des grands succès de la mandature où nous avons pu prouver que les libertés fondamentales et la vie privée primaient sur les intérêts commerciaux putatifs.

Aujourd'hui, je suis en charge du suivi pour mon groupe politique d'un rapport consacré au marché unique du numérique dont l'un des principaux points en débat est la neutralité du Net. Nous comptons une nouvelle fois sur la mobilisation citoyenne pour empêcher la création d'un Internet à deux vitesses afin qu'il demeure un espace ouvert pour tous.
 
Votre plus beau loupé, flop ?
 
L'amendement d'Ashley Fox, un eurosceptique britannique, au calendrier du Parlement européen et qui visait à transformer deux sessions plénières ordinaires de quatre jours chacune en deux sessions de deux jours seulement. Je suis une habituée des attaques contre le siège du Parlement Européen à Strasbourg, mais aussi une fervente défenseure de celui-ci! Toutefois, et même si la Cour de Justice nous a donné raison par la suite (estimant que l'amendement supprimait artificiellement une session ordinaire, ce qui est contraire aux Traités), le vote de cet amendement par notre assemblée a été un coup dur. C'est aussi une des raisons qui motive mon combat au Parlement Européen pour rappeler que Strasbourg reste le symbole vivant de la réconciliation franco-allemande et de l'Europe parlementaire. De plus il est regrettable que ce débat récurrent mais sur lequel le Parlement n'a pas vraiment de prise, fasse perdre du temps et des moyens à notre Institution qui a déjà fort à faire pour résoudre les vrais problèmes des Européens.

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