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Brexit : le jour d’après

Que se passerait il finalement si les Britanniques décidaient de voter, le 23 juin, pour sortir de l’UE ? quel chemin prendrait cette nouvelle Europe à 27 ? le départ des Anglais serait-il à terme profitable au projet européen ou bien, au contraire, serait-il le signe avant-coureur d’un effondrement progressif ? Voici la suite de notre enquête auprès de nos eurodéputés
Article rédigé par Bernard Weyl
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (WINFRIED ROTHERMEL / picture alliance / DPA)

On l’a vu et entendu : nos représentants à Strasbourg acceptent à des degrés divers l’hypothèse d’un départ des Britanniques de l’UE, même si certains le regrettent et craignent un effondrement du projet européen.
Pour Alain Lamassoure (PPE, Les Républicains) le départ des Britanniques permettra d’initier des politiques jusqu’ici bloquées par Londres, comme l’Europe de la défense. Mais il faudra avant tout organiser l’Europe entre ceux qui veulent le statu quo et ceux qui veulent progresser dans l’intégration. C’est donc aussi une opportunité politique pour créer une Europe à deux vitesses.

 
Pervenche Berès (présidente de la délégation socialiste française, groupe S&D) estime elle, que les réponses sont à trouver prioritairement dans des politiques d’investissements massifs, de créations d’emplois, et d’harmonisation fiscale. Dans une tribune qu’elle co-signe avec d’autres représentants du PS, elle plaide pour une refondation du projet européen :  "L’Union n’est ni omnipotente ni responsable de toutes les crises mais elle est aujourd’hui incomprise. Alors que le Royaume Uni veut la réduire à un marché intérieur ou la quitter, nous devons saisir ce moment pour reprendre l’initiative. C’est donc une œuvre de refondation profonde que nous proposons, un nouveau contrat pour les Européens, pour une Europe des projets plutôt qu’une Europe de la sanction."  
 

Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche, GUE) dénonce depuis des années cette Europe qui tourne le dos à toute volonté de réaliser l’harmonisation sociale et fiscale. Et qui, de fait, engendre mécaniquement un système de dumping social et fiscal entre les Etats membres. Il ne se fait aucune illusion : sans les Anglais, la marche à suivre sera identique et les accords commerciaux transatlantiques à venir en sont les signes manifestes.
 
 
Même sentiment pour Philippe Lamberts, le vice-président belge du groupe des Verts : les Anglais ne sont pas automatiquement les responsables des échecs politiques européens. Mais si ce projet se limite à la seule construction d'un marché unique, il n'a pas de sens. Et les Anglais se fourvoient en pensant qu'ils pourraient rester une grande puissance, seule et isolée de l'UE. 
 

Le centriste Dominique Riquet (Parti radical, ALDE) est confiant dans l’Europe post Brexit. C’est l’occasion, pour lui, d’un approfondissement de la construction de l’Europe, en se dégageant de l’inertie que fait peser Londres. En fait, pourrait-on résumer, à quoi bon s’interroger sur l’absence d’un pays qui ne participe pas à la plupart des politiques européennes ?


 Plus de fédéralisme ? plus d’intégration ? de nouvelles politiques plus à même de changer la donne économique et sociale ? Florian Philippot (Front National ) n’y croit pas. Il estime que le Brexit sonnerait le glas de la construction européenne telle qu’elle s’est matérialisée pendant six décennies, autour d’une classe politique unanime sur le projet européen.

 
La balle est dans le camp des Anglais : qu’on le veuille ou non, ils tiennent entre leurs mains une partie de notre destin commun. Une partie seulement.
Si l’euroscepticisme fleurit aujourd’hui sur le continent, il n’a pas grand-chose à voir avec le sentiment europhobe qui règne au Royaume-Uni, une différence notable. A art eux, personne aujourd’hui ne songe à quitter l’UE.
On réalise bien qu’un après Brexit est envisagé assez sereinement par la plupart de nos interlocuteurs : il peut être la source d’un nouveau départ, ou, au moins, une prise de conscience collective. 

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