"Je ne veux pas que l'histoire se répète" : en Allemagne, des centaines de milliers de personnes manifestent contre l'extrême droite

Une centaine de manifestations contre le parti AfD se sont déroulées depuis vendredi dans tout le pays, rassemblant au total plus de 1,4 million de personnes.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
A Berlin, comme à travers des dizaines de grandes villes allemandes, des manifestants ont manifesté contre l'extrême droite et son parti AfD. (CHRISTIAN MANG / AFP)

Sur les banderoles, les pancartes et dans les slogans repris par la foule, toujours le même message contre l'AfD, la xénophobie et la haine. Des centaines de milliers d'Allemands ont manifesté tout le week-end contre l'extrême droite et son parti l'AfD, au plus haut dans les sondages. Une centaine de manifestations se sont déroulées depuis vendredi 19 janvier dans tout le pays, rassemblant au total plus d'1,4 million de personnes, selon les organisateurs.

Des manifestations qui suivent le choc dans le pays après la révélation le 10 janvier d'une réunion de responsables de l'extrême droite pour discuter d'un projet d'expulsion massive de personnes d'origine étrangères. Dans le cortège berlinois, Heike s'inquiète de la progression de l'extrême droite : "Ce qui se passe en ce moment en Allemagne, c'est vraiment très grave. Mes grands-parents ont vécu le fascisme, mes parents aussi et je ne veux pas que l'histoire se répète en Allemagne. C'est pour cela qu'il faut descendre dans la rue", plaide-t-elle.

Faut-il interdire le mouvement d'extrême droite ?

Ce derniers jours, 30 000 personnes ont défilé à Dortmund et plus de 50 000 à Hambourg et Cologne. A Munich, débordés par l'affluence, les organisateurs ont même dû interrompre la manifestation. Devant le Reichstag de Berlin, 100 000 personnes étaient réunies, dimanche 21 janvier, malgré le froid. "Ici, à Berlin et dans toutes les villes, je suis très content qu'il y a beaucoup de gens qui sont mobilisés", confie un manifestant, qui parle français.

Cette mobilisation témoigne du choc provoqué par la révélation le 10 janvier dernier par le média d'investigation allemand Correctiv d'une réunion d'extrémistes à Potsdam, près de Berlin, où, en novembre, un projet d'expulsion massive de personnes étrangères ou d'origine étrangère a été discuté. La ministre de l'Intérieur Nancy Faeser a comparé dans la presse cette réunion à "l'horrible conférence de Wannsee", où les nazis planifièrent en 1942 l'extermination des Juifs européens. 

Avec la radicalisation de l'AfD, une question a surgi dans le débat public : faut-il interdire le mouvement d'extrême droite ? La classe politique est divisée, la population également. "Cela ne servira pas à grand-chose, car, si on interdit l'AfD, cette société se divisera encore plus et cela rendra le parti encore plus populaire, note Dagmar, 70 ans. C'est bien là le problème. Il ne faut pas que ça arrive. C'est aux partis démocratiques de faire en sorte que moins de personnes votent pour l'AfD".

Le parti est  désormais la deuxième force politique du pays. Dans ses bastions de l'ex-Allemagne de l'Est, l'extrême droite est même en tête avec plus de 30 % des intentions de vote. 

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