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Allemagne: les zones d'ombre dans les violences de la Saint-Sylvestre à Cologne

De nombreuses zones d'ombre demeurent dans l’affaire des violences qui ont eu lieu à Cologne, mais aussi à Hambourg et Stuttgart, dans la nuit du 31 décembre 2015: comment ces agressions ont-elles pu prendre une telle ampleur sans que la police allemande n'intervienne? Pourquoi celle-ci a-t-elle attendu plusieurs jours avant d'en révéler l'ampleur? Et les violences étaient-elles planifiées?
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Devant la gare principale de Cologne, non loin de la cathédrale, le 7 janvier 2016... (REUTERS - Wolfgang Rattay)

Tout le monde a été surpris par ces évènements qui restent assez flous, expliquent des observateurs allemands. Ces derniers ne croient pas à un mouvement fomenté par l’extrême droite : il apparaît assez difficile d’organiser autant de troubles en même temps à Cologne, Stuttgart et Hambourg, font-ils remarquer.

A leurs yeux, ces troubles pourraient s’expliquer par la conjonction de plusieurs facteurs : des jeunes hommes seuls, qui ont trop bu et subissent une pression de groupe. Sans parler d’une police impuissante, empêtrée dans des règles bureaucratiques.
 
Même si rien n'établit à ce jour la culpabilité de réfugiés, ces évènements ont instillé un peu plus le doute dans l'opinion publique allemande sur la capacité du pays à intégrer le million de demandeurs d’asile arrivés outre-Rhin en 2015. Quelque 57% des sondés redoutent désormais une hausse de la criminalité avec une arrivée aussi massive de migrants, contre 40% qui ont un avis contraire, selon une enquête de la chaîne RTL.

Risque de «stigmatisation» et d'«amalgame»?
Lors de la présentation d’un rapport devant des élus locaux, le ministre de l’Intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie, Ralf Jäger, a mis en garde contre le «danger» de «stigmatiser» les étrangers à la lumière de ces évènements. «C'est ce que font les charognards de l'extrême droite, c'est leur seul argument», a-t-il martelé.

Dans la nuit du 11 janvier 2016, six Pakistanais, trois Guinéens, deux Syriens et un homme d’origine africaine dont la nationalité n’a pas été précisée, ont ainsi été violemment agressés par des inconnus au cours de quatre incidents différents dans le centre de Cologne, rapporte l’AFP. Ces violences ont été organisées sur les réseaux sociaux par des extrémistes de droite appelant à des «promenades».

«J'espère qu'aucun responsable politique, aucune personne assumant une responsabilité institutionnelle, n'utilise ces événements de façon instrumentale (...) pour faire l'amalgame» avec d’autres affaires, a déclaré la chef de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini. «Il s'agit d'un événement particulièrement sérieux et choquant, et il est certain que des lois, et surtout des lois régissant les droits des femmes et la dignité humaine, doivent être entièrement respectées par tout le monde», a-t-elle ajouté.

La cathédrale de Cologne vue de la gare principale le 12 janvier 2016. Cet édifice gothique, inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO et dont la façade mesure 157 m de haut, a été commencé en 1248. La noirceur, qui lui donne un caractère austère, s'explique par la couleur de sa pierre, du basalte. (AFP - DPA - Oliver Berg)

Les violences de Cologne ont amené certains hommes politiques à relancer leur discours anti-migrants. Parmi eux, le Premier ministre slovaque Robert Fico a demandé un sommet extraordinaire de l'Union européenne. Dans le même temps, il s’est engagé à ne prendre aucune décision «qui conduirait à l'apparition d'une communauté musulmane en Slovaquie».

Quoi qu’il en soit, le débat n’est sans doute pas prêt de s’éteindre en Europe. Apparemment, des évènements similaires se sont produits à Helsinki en Finlande, à Zurich en Suisse, en Autriche… Quant à la police suédoise, elle a reconnu avoir caché une vague d’agressions sexuelles à Stockholm en 2014 et 2015.

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