"Monsanto Papers" : acheter des scientifiques, ça s’appelle du "ghostwriting" (et c’est légal)
Stéphane Horel, journaliste indépendante, dénonce, dans une interview Brut, la pratique légale du "ghostwriting", qui consiste à financer des études scientifiques pour influencer l’opinion.
Le roundup, pesticide contenant du glyphosate, une molécule a priori cancérigène (d’après plusieurs études dont une de 2015 du Centre international de recherche contre le cancer), rapporte depuis sa commercialisation en 1975 des millions à l’entreprise qui l’a créé, le géant controversé de l’agroalimentaire Monsanto.
Un problème d'éthique "extrêmement grave"
Ce dernier, conscient que le produit, présent dans les pesticides notamment, expose selon certaines études les populations à des risques sanitaires, finance des études scientifiques, qui apportent le "vernis de leur réputation" selon le processus suivant : "Les signataires de ces articles sont des scientifiques qui travaillent parfois dans des universités, qui ont une apparence d’indépendance parce qu’ils n’ont pas de lien apparent avec Monsanto, mais qui en fait ont été rémunérés pour apposer leur signature", explique Stéphane Horel, journaliste indépendante.
Les articles produits par ces études peuvent être destinés à la presse grand public, d’après Stéphane Horel. "Mais c’est surtout problématique pour des articles qui sont publiés dans la littérature scientifique, indique la journaliste. C’est-à-dire des articles très très très sérieux qui sont inaccessibles pour le commun des mortels."
Ce problème d’éthique, considéré comme "extrêmement grave" dans la communauté scientifique, permet une opacité des études : "La plupart de ces études où il y a un doute sur l’identité des auteurs concluent absolument toutes à l’innocuité du glyphosate."
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