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Métam-sodium : un agriculteur breton accusé d'avoir bravé l'interdiction

Deux témoins ont assuré à franceinfo avoir respiré des vapeurs de métam-sodium près d'un champ du Finistère après son interdiction. L'agriculteur dément, les gendarmes se sont rendus sur place pour enquêter.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'une des photos transmises par notre témoin montre un épandage compatible avec le métam-sodium. (DR)

"J'avais les yeux qui piquaient, la gorge qui brûlait." En se promenant jeudi 1er novembre à Cléder (Finistère), au lieu-dit Kerveyer, notre témoin respire de drôles de vapeurs qu'il identifie comme des émanations de métam-sodium, le pesticide suspendu depuis le 26 octobre après plusieurs intoxications dans le Maine-et-Loire et à... Cléder et depuis définitivement interdit par l'Anses. "Je suis issu d’une famille d’agriculteurs, les produits, je connais", explique cette personne à franceinfo. Excédé par ce qu'il perçoit comme un épandage illégal, notre témoin appelle la gendarmerie, puis contacte franceinfo.

Les photos qu'il nous a transmises ne permettent bien sûr pas de confirmer à 100% ses propos. Mais elles sont compatibles avec un épandage de métam-sodium : on y voit des bandes de terre semblables à celles préparées pour la mâche, soigneusement lissées au rouleau qui permet d'enfouir ce produit très volatile dans le sol. La veille, mercredi 31 octobre, un second témoin confie à franceinfo avoir respiré les vapeurs du produit en passant à côté du champ. "L'odeur, on la connaît, ça fait des années qu'on vit avec", nous confie-t-il.

Un agriculteur déjà condamné en 2015

Ce champ est la propriété du GAEC Guillerm, une entreprise maraîchère condamnée en 2015 à 1 500 euros d'amende et à 46 000 euros de dommages et intérêts pour "pollution de cours d'eau" au... métam-sodium. De fortes pluies avaient emporté le produit dans la rivière et tué tous les poissons, dont ceux d'une pisciculture voisine comme le racontait franceinfo il y a quelques semaines. Contacté par franceinfo, Gérard Guillerm dément avoir bravé l'interdit. "C'est très simple, mon fils a mis du Roundup et de la paille avec de la résine de pin. Ça sentait la résine de pin", assure-t-il. C'est cette odeur qui aurait incommodé "la personne qui a appelé les gendarmes".

C’est très fort, le mélange, c’est un peu comme les bonbons au pin.

Gérard Guillerm

à franceinfo

Contactée, la gendarmerie reconnaît simplement être intervenue sur place jeudi 1er novembre. La préfecture du Finistère précise qu'un "contrôle est en cours", via la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Aux autorités de l'Etat, le GAEC Guillerm a donné une version un peu différente : il s'agirait bien du métam-sodium, mais il aurait été répandu avant la date butoir (26 octobre). En attendant d'y voir plus clair, l'explication de la résine de pin fait en tout cas sourire nos deux témoins. "Evidemment, il va pas vous dire que c’est du métam-sodium", cingle le premier. "Je vais rien vous dire, je vais juste en rire", glisse le second, avant de lâcher : "C'est farfelu."

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