L'UE propose de débloquer 7,2 milliards d'euros pour lutter contre le réchauffement climatique
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE se sont mis d'accord vendredi à Bruxelles sur un premier projet officiel qui prévoit une aide aux pays pauvres de 7,2 milliards d'euros sur trois ans.
Cette décision pourrait peser sur la Conférence climat de Copenhague.
Ce texte de sept pages prévoit de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 1,5°C ou 2°C, sans trancher entre les deux options. Il doit servir désormais de base aux discussions et sera encore âprement négocié entre ministres, puis chefs d'Etat.
"L'objectif retenu par l'Europe, c'est 30% de réduction (des émissions de CO2) en 2020, c'est la proposition que met l'Europe sur la table, bien sûr avec une conditionnalité", a déclaré vendredi Nicolas Sarkozy à la presse à l'issue de la réunion à Bruxelles. Les dirigeants des 27 étaient réunis depuis jeudi soir à Bruxelles pour un sommet consacré au climat et à la crise financière.
"C'est l'Europe qui a les engagements les plus importants, les 30%, et c'est l'Europe qui annonce des financements concrets, tout de suite, pour les pays africains. Y a-t-il une autre proposition pour Copenhague d'une autre partie du monde aussi précise que celle de l'Europe ? Il n'y en a pas", a ajouté le chef de l'Etat français. "Ca met l'Europe quand même en (position de) leadership pour Copenhague", a-t-il estimé.
"Est-ce que ça sera suffisant? Si je pensais que c'était suffisant, je serais très optimiste. Je pense que c'est suffisant pour amorcer une alliance entre l'Europe et l'Afrique", a-t-il insisté. "Je pense qu'on sera dans une stratégie plus conforme à celle du G20 de Londres, où les choses ne s'étaient débloquées qu'à l'extrême dernière limite", a également pronostiqué le chef de l'Etat français.
Interrogé sur les obstacles sur la route d'un accord contraignant, il a notamment évoqué "nos amis américains qui sont sur une base 2020 par rapport à 1990 de 4%, ce qui est un progrès, mais si on compare les 4% américains aux 30% européens, il y a un petit 'gap'". Le président français a également cité "nos amis chinois (...) qui s'opposent à toute forme de contrôle international et nos amis indiens, qui commencent à se débloquer".
Propositions d'Angela Merkel
La chancelière allemande Angela Merkel a évoqué la possibilité d'étendre un programme international de réduction des gaz à effet de serre de 2020 à 2030 afin d'arracher un accord sur la protection du climat à Copenhague.
Dans une interview au Bild am Sonntag, elle souligne que l'UE est est prête à aller jusqu'à 30 % si d'autres pays s'engagent de façon plus concrête dans la lutte contre le réchauffement climatique. "L'Allemagne peut même atteindre 40 %" de réductions, a-t-elle estimé. Mais face à la difficulté d'obtenir un accord de principe la semaine prochaine à la conférence internationale sur le climat, "une option pourrait être de décider à Copenhague des prochaines étapes pour la réduction des gaz à effet de serre pour 2025 et 2030", a affirmé Mme Merkel.
Copenhague: un projet sur les rails
Dans la capitale danoise, le premier texte officiel qui servira de bases de discussions et sera négocié entre ministres, puis entre chefs d'état le 18 décembre, prévoit de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 1,5°C ou 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels, sans faire de choix entre les options.
Le texte, dont l'AFP a obtenu une copie, stipule notamment "que les parties doivent coopérer pour éviter un changement climatique dangereux...". Pour Kim Carstensen du Fonds mondial pour la nature (WWF), le texte présente "des lacunes, met en lumière des désaccord mais montre aussi clairement qu'un accord est possible".
Un des points potentiellement source de litige est le chiffre concernant l'atténuation du climat. "Si nous parlons de contenir le réchauffement en-dessous de 2°C (...) on ne peut pas réellement discuter tant que les principaux pays en développement ne s'apprêtent pas à jouer un vrai rôle", a indiqué l'envoyé spécial pour le climat américain.
A l'initiative des petits Etats insulaires, particulièrement menacés par la hausse du niveau des océans, une centaine de pays en développement militent pour une limite à 1,5°C.
En ce qui concerne la question des financements, la frustation est importante car le document ne s'avance pas sur les montants ni sur l'architecture. Rien n'est tranché non plus entre contributions volontaires des Etats et prélèvements automatiques. En revanche, un mécanisme immédiat (fast start) aux plus pauvres est incrit pour 2010-2012.
Pékin doute de l'efficatité d'un financement à court terme
A la suite de l'annonce de l'UE, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, He Yafei, a déclaré que le financement à court terme pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement climatique n'est pas la réponse. "C'est relativement facile pour les pays développés de présenter des chiffres pour le court terme. Mais que ferons-nous dans trois ans ?", s'est-il interrogé.
"Si on doit s'engager jusqu'en 2050, je doute de la sincérité de l'engagement des pays développés: pourquoi ne parlent-ils pas de leur engagement financier jusqu'en 2050 ?", a-t-il ajouté avant de conclure: Le plus important serait d'avoir un mécanisme opérationnel au moins à moyen terme, assurant des fonds aux pays en développement", a-t-il jugé, rappelant la responsabilité historique des pays développés dans l'accumulation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Pour sa part, Bertrand Delanoë, maire PS de Paris et 13 maires de capitales mondiales, appellent dans une tribune parue dans Le Monde "à des choix courageux" et à la "création d'une véritable organisation mondiale de l'environnement".
De son côté, l'eurodéputé écologiste français José Bové a déclaré qu'il manifesterait samedi à Copenhague pour "lier justice climatique et justice sociale".
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