Deux brèches de huit mètres de large sont apparues dans l'enceinte extérieure du réacteur n°4 de Fukushima-Daiichi
Elles sont apparues suite à une explosion, selon Reuters.
"L'enceinte de confinement du réacteur n°2 n'est plus étanche", a annoncé mardi l'Agence de sûreté nucléaire française. Cette enceinte, qui entoure le coeur du réacteur est destinée à l'isoler de son environnement, afin d'éviter toute contamination radioactive.
Plus tôt, l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) avait déclaré que la radioactivité s'échappait "directement" dans l'atmosphère au niveau de la centrale.
Lundi, les opérations d'injection d'eau de mer dans le réacteur n°2 de la centrale de Fukushima-Daiichi avaient repris
Le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano, a évoqué "des dégâts possibles dans la piscine de condensation", la partie inférieure du caisson de confinement servant à refroidir le réacteur et à contrôler la pression à l'intérieur de cette enceinte.
"Mais nous n'avons pas constaté une augmentation soudaine de la radioactivité", a ajouté M. Edano.
L'enceinte de confinement qui entoure le réacteur d'une centrale nucléaire est conçue pour empêcher les fuites radioactives en cas d'accident.
Il s'agirait des premiers dégâts subis par une enceinte de confinement de la centrale de Fukushima 1, au centre de l'inquiétude depuis le séisme et le tsunami qui ont dévasté le Nord-Est du Japon.
Le bilan officiel fait état pour l'instant de 22 personnes irradiées et jusqu'à 190 qui pourraient avoir été exposées à des radiations.
La VIIe flotte américaine, qui participe aux efforts de secours, a décidé de s'éloigner temporairement par précaution de la côte nord-est en raison d'un faible niveau de radiation.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a confirmé lundi soir la "fusion partielle" des coeurs des réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale nucléaire de Fukushima-1.
"La fusion partielle du coeur est confirmée, l'exploitant poursuit l'opération de refroidissement du coeur par injection d'eau de mer", a indiqué l'organisme français dans un communiqué publié sur son site internet.
La société japonaise Tepco, "connaîtrait des difficultés pour réaliser" les opérations de refroidissement par eau de mer, du réacteur N°2, "dues au blocage d'une soupape de décharge de la cuve".
Deux nouvelles explosions, risque de fuites radioactives "faible"
Deux explosions se sont produites lundi au niveau du réacteur n°3 de la centrale nucléaire de Fukushima 1. Le réacteur a résisté, a assuré peu après le propriétaire de la centrale nucléaire, Tokyo Electric Power (Tepco). La possibilité de fuites radioactives est "faible", a ajouté le gouvernement. A Vienne, l'Agence internationale de l'énergie atomique a confirmé cette information. Ces deux nouvelles explosions qui ont fait six blessés avaient été envisagées par le gouvernement.
Sur place, les autorités locales ont conseillé aux personnes se trouvant encore dans un rayon de 20 km autour de la centrale nucléaire de rester confinées chez elles. Les personnes à l'extérieur ont été invitées à utiliser un masque ou une serviette mouillée pour protéger leurs voies respiratoires, et de se couvrir au maximum pour ne pas exposer leur peau à l'air.
Les circuits de refroidissement des trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, exploitée par Tepco, ont été endommagés par le séisme et le tsunami qui ont ravagé vendredi la côte nord-est du Japon.
Le site de Fukushima
, Fukushima Daichi
(n°1) et Fukushima Daini (n°2), situées à 12 km l'une de l'autre et totalisant dix réacteurs.
A Fukushima-Daichi 1, outre les deux explosions du réacteur 3, le circuit de refroidissement du réacteur n°2 de la centrale atomique a cessé de fonctionner lundi et le niveau d'eau diminue à l'intérieur, annonce l'agence de presse Jiji. L'agence a rapporté un peu plus tard que le niveau de l'eau avait baissé au point que des cartouches de combustible nucléaire pouvaient être désormais exposés pour partie à l'air libre.
Par ailleurs une explosion avec fuite radioactive avait eu lieu samedi sur le réacteur n°1 de la même centrale Fukushima 1, construite il y a 40 ans et située à 250 km au nord de Tokyo. Le toit et les murs de ce réacteur se sont effondrés et une épaisse fumée blanche s'est échappée de la centrale.
Tepco avait alors entrepris une opération pour relâcher de la pression sur ce réacteur, dont le système de refroidissement était tombé en panne après le séisme et le tsunami de vendredi. Ce réacteur n°1 devait être mis hors service le mois dernier après quarante ans de fonctionnement mais son permis d'exploitation avait alors été prolongé de dix ans.
Des "super pompiers" ont été envoyés à Fukushima, a annoncé le porte-parole du gouvernement japonais. "Le plus important est de refroidir le coeur du réacteur", a expliqué Bertrand Barré, conseiller scientifique d'Areva.
Fukushima n°2 connait aussi des problèmes de refroidissement sur ses quatre réacteurs et la compagnie électrique Tokyo Electric Power (Tepco) a pris des mesures de prévention.
Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a estimé dimanche que le pays faisait face à la "plus grave crise depuis 65 ans depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale" tout en assurant qu'il ne s'agissait pas d'un nouveau Tchernobyl.
L'IRSN parle de "rejet très important" dans l'atmosphère
Pour l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), la valeur de 1 mSv/h correspond à "un rejet très important dans l'environnement".
L'IRSN, basée à Paris, cite des informations transmises par l'ambassade de France à Tokyo et ajoute que "seules quelques mesures sont actuellement disponibles". Douze heures après l'explosion, selon l'Institut, "le débit de dose aurait encore été de 0,040 mSv/h".
Samedi, l'agence de presse japonaise Kyodo, citant une commission de sécurité, avait déjà indiqué qu'un niveau de radioactivité 1.000 fois supérieur à la normale avait été détecté dans la salle de contrôle du réacteur numéro 1 de Fukushima I.
Concernant les réacteurs 1,2,3,4 de Fukushima N°2 (Daini), "il semble que les installations soient actuellement dépourvues de systèmes de refroidissement", précise l'Institut.
Le pompage de l'eau de mer encore insuffisant
La compagnie Tokyo Electric Power (Tepco), qui exploite cette centrale considérée comme la plus touchée, a pris diverses dispositions pour faire baisser le niveau de pression dans les réacteurs 1 et 3, notamment en y déversant des tonnes d'eau de mer.
Toutefois, le pompage en mer n'est pas encore suffisant pour rétablir le niveau d'eau de refroidissement des réacteurs, reconnaissait l'exploitant dans la nuit de dimanche à lundi, selon les médias.
Première conséquence de ces problèmes à répétition: , a souligné le Premier ministre.
En outre, et une troisième centrale a rencontré des difficultés dimanche, a annoncé l'Agence internationale de l'énergie atomique.
L'accident nucléaire le plus grave de l'histoire du Japon
Cet accident avait été évalué par l'Agence de sûreté atomique au niveau 4 sur une échelle de 7. Le niveau 4 qualifie "les accidents n'entraînant pas de risque important hors du site", selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le terme "anomalie" est utilisé pour le niveau 1 et "incident" n'est employé que pour les niveaux 2 et 3.
Le niveau 4 est le pire connu jusqu'à présent au Japon, a précisé un responsable de l'agence internationale.
"Une catastrophe semblable à celle de Tchernobyl n'est pas possible"
C'est ce que nous a indiqué samedi Bertrand Barré, conseiller scientifique d'Areva et auteur du livre "Les 100 mots du nucléaire". Selon lui, une catastrophe semblable à celle de Tchernobyl n'est pas possible "car les installations sont différentes".
Le problème qui se pose à Fukushima ressemble à celui de Three Mile Island, aux Etats-Unis en 1979, estime Bertrand Barré, indiquant que l'accident avait été classé 5 sur l'échelle INES, ce qui correspond à un "accident entraînant un risque hors du site".
Des experts américains redoutent, eux, une catastrophe similaire
Le fait d'utiliser de l'eau de mer pour refroidir le réacteur est un "acte de désespoir", estiment des spécialistes américains de l'atome, rapporte le site LeMonde.fr.
"A ce stade, on fait face à une situation semblable à celle de Tchernobyl, où on commence à déverser du sable et du ciment" pour recouvrir le réacteur en fusion, a déclaré Peter Bradford, ancien directeur de la Commission de surveillance nucléaire américaine.
"Si cela continue, s'ils ne reprennent pas le contrôle de tout cela, on va passer d'une fusion partielle du coeur (du réacteur) à une fusion complète. Ca sera le désastre total", a déclaré pour sa part Joseph Cirincione, chef du Ploughshares Fund, lors d'une interview sur CNN, rapporte toujours Lemonde.fr.
De son côté, André Lacoste, président de l'Autorité de sûreté nucléaire en France, a estimé que "la situation est à l'évidence grave". Il souligne que le "point positif" est à voir dans la direction des vents qui pousserait vers le Pacifique une éventuelle pollution atmosphérique.
11 réacteurs affectés sur 55
Sur les 55 réacteurs nucléaires en fonctionnement au Japon sur 17 sites, onze réacteurs ont été affectés par le séisme, a indiqué vendredi soir l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN) qui suit l'évolution de la situation des centrales nucléaires japonaises. Les centrales de Fukushima-Daichi (6 réacteurs) et Fukushima-Daini (4 réacteurs), situées dans le nord-est du Japon, sont plus particulièrement touchées.
Les réacteurs de plusieurs centrales se sont arrêtés automatiquement
Les réacteurs des centrales nucléaires situées dans les préfectures proches de l'épicentre se sont automatiquement arrêtés, une mesure d'urgence qui s'est déroulée "en toute sécurité", selon l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA).
Le séisme s'est produit, à 130 km à l'est de Sendai, au large de l'île de Honshu, à une profondeur de 24 km, selon l'institut américain de veille géologique(USGS). De fortes répliques ont été enregistrées par la suite.
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