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Sommet pour un nouveau pacte financier : "C'est un bilan mitigé" mais "il y a une feuille de route qui détaille les prochaines étapes", juge un économiste

Martin Kessler, économiste à Finance for Development Lab, s'est exprimé sur franceinfo ce vendredi après la clôture à Paris du Sommet pour un nouveau pacte financier.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron et Luiz Inacio Lula Da Silva, le président du Brésil, dans le cadre du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 23 juin 2023. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

Lors du Sommet pour un nouveau pacte financier qui a eu lieu à Paris du jeudi 22 au vendredi 23 juin, Emmanuel Macron a évoqué un "consensus complet" pour "réformer en profondeur" le système financier mondial, afin de le rendre "plus efficace, plus équitable et plus adapté au monde d'aujourd'hui".

Martin Kessler, économiste à Finance for Development Lab, a lui parlé sur franceinfo vendredi 23 juin d'un "bilan mitigé" mais il admet que le sommet a permis de lever "des sujets pour les six prochains mois, voire l'année qui vient", notamment sur la dette des pays les plus pauvres a-t-il détaillé.

>> Nouveau pacte financier mondial : quel bilan tirer du sommet organisé par Emmanuel Macron pour réconcilier le Nord et le Sud ?

France info : Quel bilan tirez-vous de ce premier sommet consacré à cette envie de changer le financement mondial pour venir en aide aux pays les plus pauvres ?

Martin Kessler : C'est un bilan mitigé. Il y a finalement assez peu d'avancées concrètes. Il y a eu des principes qui ont été énoncés qui sont importants, mais au niveau des résultats, on reste un peu déçus. Parmi les annonces, il y a ces 100 milliards de dollars pour le climat qui ont été promis depuis dix ans, ça reste un petit peu abstrait. Il y a d'autres éléments qui ont été annoncés et on ne sait pas encore exactement comment les principes vont être mis en œuvre.

Avec un sommet de quelques jours seulement. Est-ce qu'il était possible d'obtenir de meilleurs résultats ?

C'était un sommet très particulier. C'est ni un G20 ni une COP. C'était difficile de savoir à quoi s'attendre. C'était parti sur des grands principes de réforme. Le sommet a été annoncé, il y a finalement peu de temps, en novembre. Il y a eu des discussions techniques, beaucoup de groupes de travail. Il était difficile de s'attendre à des vrais progrès. Cependant, parmi les progrès, il y a l'énergie qui a été montrée, les pays du Sud ont demandé des choses. Ils ont pu avoir leur voix vraiment entendue dans la continuité de l'agenda de Bridgetown porté lpar a Première ministre de la Barbade, Madame Mottey.

Quelle est la prochaine étape ?

Un des vrais progrès du sommet, c'est qu'il y a une feuille de route qui détaille les prochaines étapes. Donc il y aura des décisions au sein de l'Organisation internationale maritime sur cette question d'une taxe maritime qui pourrait être réallouée aux efforts de lutte contre le changement climatique. 

Après, en septembre, il y aura un sommet sur le financement climatique en Afrique, porté par le président du Kenya. En octobre, les assemblées de la Banque mondiale et du FMI, qui porteront sur des questions de dette et des levées de fonds pour les pays les plus pauvres. Le sommet de Paris, son avantage, c'est d'avoir levé des sujets pour les six prochains mois, voire l'année qui vient et de donner un mandat à ces différentes organisations internationales pour faire des progrès, mais ça reste très incertain.

Le sujet de la dette n'a pas franchement été évoqué. Il y a des aides, évidemment pour lutter contre le changement climatique, mais la dette de ces pays est assez lourde et leur effacement n'en a pas trop été évoqué ?

Il y a eu un progrès majeur notamment sur le cas de la Zambie. C'est un pays qui était en discussion avec ses créanciers depuis maintenant trois ans et il y a eu un accord. Je pense que cela, c'est vraiment dû à la diplomatie de la France liée au sommet. Il y avait des blocages en lien avec le désaccord entre la Chine, le FMI, les Etats-unis. Le fait que ça ait été débloqué est vraiment un progrès parce que c'est le deuxième pays qui sort de ce qui s'appelle le "cadre commun" qui est ce cadre créé en 2021 pour les pays les plus endettés. Donc c'est prometteur pour les autres pays qui sont entrés dans ce cadre, comme le Ghana ou pour les autres pays qui sont surendettés et qui négocient comme le Sri Lanka. Maintenant, les négociations vont être longues.

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