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Comment les climato-sceptiques essayent de torpiller le Giec

Les scientifiques internationaux du Giec doivent rendre ce vendredi à Stockholm un rapport montrant de nouvelles preuves de l'ampleur du réchauffement climatique. C'est sur cette base que les gouvernements devront se mettre d'accord pour un plan d'action global d'ici 2015. Mais les "climato-sceptiques" sont déjà passés à l'offensive pour décrédibiliser le travail des experts.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Andy Clark Reuters)

"Les preuves scientifiques du changement climatique se
sont renforcées année après année, laissant peu d'incertitudes à part ses
graves conséquences
", a lancé lundi le président du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du Climat (Giec). Ce vendredi, les dizaines
de scientifiques de ce groupe doivent remettre le premier volet de son nouvel
état des lieux sur le réchauffement climatique. Mais si "les preuves du
changement climatique
" s'accumulent, les climato-sceptiques ne baissent pas
les bras. Tour d'horizon de leurs arguments. 

La "pause" du réchauffement

C'est un casse-tête pour les experts du Giec : comment
expliquer le ralentissement de la hausse des températures à la surface des
océans et des continents ? Depuis 1998, le rythme du réchauffement ne serait
plus que de 0,05°C
par décennie alors qu'il était de 0,12°C
en moyenne depuis 1951. Pour les climatologues, il s'agit d'une anomalie qui ne
remet pas en cause la hausse des températures observé depuis le début du XXe siècle
(+0,8°C).

Mais pour les climato-sceptiques, c'est la preuve que la
thèse du réchauffement climatique ne tient pas. Ou plutôt que l'homme n'est pas
responsable d'une éventuelle hausse des températures sur la surface du globe. "De
grands physiciens ont montré que ce n'était pas le CO2 qui était coupable
d'un quelconque réchauffement. Les preuves que l'on nous donne sont en fait
basées sur des modèles climatiques, et non pas sur des mesures. Et ces modèles,
par exemple, se sont tous trompé par rapport à ces quinze dernières années
",
affirme par exemple le chimiste István Markó à la Libre Belgique

Décrédibiliser le Giec par tous les moyens

Mais au-delà du jeu des arguments et contre-arguments, les
climato-sceptiques ont multiplié les attaques contre le Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du Climat ces dernières semaines. "Plus
de la moitié des membres du GIEC ne sont pas des scientifiques mais des
administrateurs ou des bureaucrates
", assure par exemple l'un des principaux
climato-sceptiques français, le géophysicien Vincent Courtillot.

Pour soutenir leurs thèses, ces scientifiques peuvent aussi
compter sur d'importants moyens financiers. D'après une récente enquête de
Greenpeace, les "lobbys climato-sceptiques" ont versé près de 150
millions de dollars à 80 instituts américains engagés contre le réchauffement
climatique. L'ONG assure que le groupe pétrolier ExxonMobil et de grands
groupes industriels
figurent parmi les principaux donateurs.

La stratégie des "fuites"

Autre angle d'attaque : le détournement. Comme lors du
dernier rapport du Giec avec l'affaire du Climategate, le réseau climato-sceptique a fait fuiter des documents
de préparation du texte présenté ce vendredi. Un blogueur américain a fait beaucoup
parler de lui en publiant le 14 décembre dernier ce qu'il présente comme le
rapport provisoire des Groupe d'experts
. Alec Rawls affirme que les
scientifiques y reconnaissent que "le soleil, et non l'homme, serait à
l'origine du changement climatique". Quelques jours plus tard, un autre
blogueur confirme cette "fuite" sur le site d'Atlantico, graphique à
l'appui. Sauf que le texte en question n'avait rien d'officiel, comme
l'explique Terra Eco.

Des scientifiques quasi-unanimes

Quoi qu'il en soit, les arguments semblent faire mouche.
D'après le Baromètre d'opinion sur l'énergie et le climat publié début août,
plus d'un tiers des Français doutent de la réalité du réchauffement climatique.
Parmi eux, 12% estiment qu'il n'est "pas prouvé" et 22% pensent que
"rien ne prouve que ce soit dû aux activités humaines ". Pourtant la
communauté scientifique est loin d'être aussi divisée sur la question qu'on pourrait
le penser. La revue Environnemental Research Letters s'est penchée sur 4.000
articles rédigés par quelque 29.000 chercheurs ces 20 dernières années. Résultat
: 97,1% des scientifiques concluent à la responsabilité de l'homme dans le
réchauffement climatique. 

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