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En 2013, le monde a globalement dépensé moins en armement

Les dépenses mondiales d’armement ont diminué en 2013, principalement en raison du désengagement militaire des Etats-Unis sur plusieurs terrains de conflits. Malgré cela, certains Etats ont plus que doublé leurs dépenses d’armement depuis une dizaine d’années.
Article rédigé par Géopolis FTV
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En avril 2012, la flotte chinoise commémore à Hong-Kong, la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine. (AFP PHOTO / AARON TAM)

L’hebdomadaire britannique The Economist a repris les conclusions du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri) pour réaliser une infographie montrant l’évolution des dépenses militaires entre 2004 et 2013 de quinze pays dont la France. Constat : le Royaume-Uni, la France et l’Italie ont réduit leurs dépenses militaires. Sur la même période, le budget militaire des Etats-Unis a augmenté mais, avec une baisse de 7,8% en 2013, la hausse est limitée à environ 20%.
 
Ce frein dans les dépenses américaines est lié à la fin des opérations militaires en Irak. En décembre 2011, le coût de l’intervention américaine était évalué à 770 milliards de dollars depuis 2003. Il faut ajouter à cela le début du retrait des troupes américaines d’Afghanistan et les coupes automatiques dans les dépenses adoptées par le Congrès en 2011. En février 2013, démocrates et républicains n’étaient pas parvenus à s’entendre sur une réduction du budget militaire. Il en avait découlé des coupes à hauteur de 85 milliards de dollars.
 
La Chine en tête
Dans le peloton de tête, on trouve la Chine, l’Arabie Saoudite et la Russie qui, toutes trois, ont plus que doublé leurs budgets. Entre 2004 et 2013, le budget chinois de la défense est passé de plus de 63 milliards à plus de 171 milliards. Jean-Vincent Brisset, chercheur à l’IRIS et spécialiste des questions de défense et de la Chine, analyse cette hausse des dépense militaires par le fait que la Chine se sente comme spoliée, encerclée par la communauté internationale. «C’est quelque chose qui est ancrée dans l’inconscient des Chinois. Ils désirent véritablement récupérer les territoires qu’ils estiment s’être fait prendre comme l’est de la Russie ou bien leurs colonies vietnamiennes et thaïlandaises», précise-t-il.
 
Parmi les territoires que la Chine revendique activement, on trouve également les îles japonaises de Senkaku au sud-ouest du Japon. «Les Japonais ont d’excellentes raisons d’être inquiets des désirs expansionnistes de la Chine. Or, les Chinois n’ont jamais administré ces îles. La Chine s’est réveillée il y a quelques années se rappelant que des pêcheurs chinois s’y rendaient régulièrement, c’est tout», rappelle le chercheur.
 
Pour Jean-Vincent Brisset, la façon dont la Chine aborde la notion de traité est également à prendre en compte pour comprendre son sentiment de menace permanente : «Les Chinois ne voient dans un traité que le constat d’un rapport de force à un moment donné. Il peut donc évoluer à n’importe quel moment.»
 
Défense préventive en Arabie Saoudite
Au Moyen-Orient, la hausse des budgets de défense a été très importante. L’Arabie Saoudite a plus que doublé ses dépenses militaires entre 2004 et 2013. Avec presque 63 milliards de dollars, elle représente le plus gros budget du Moyen-Orient.
 
Le Sipri, de son côté, explique cette progression par les tensions que connaît le pays avec l’Iran et les craintes de révolte.
 
Pour Jean-Vincent Brisset, le pays fait preuve d’une légitime défense préventive et s’inscrit dans le mouvement de progression des budgets de défense au Moyen-Orient. «L’Arabie saoudite monte en puissance petit à petit», précise le spécialiste.
 
Selon le Sipri, le Moyen-Orient aurait augmenté ses dépenses militaires de 4%. Cette estimation est à relativiser puisqu’aucun chiffre n’est disponible pour les Emirats arabes unis, l’Iran, le Qatar et la Syrie.
 
Enfin, la Russie a, elle aussi, vu ses dépenses militaires progresser de plus de 100% entre 2004 et 2013. Pour Jean-Vincent Brisset, le pays répond à une toute autre logique que la Chine ou l’Arabie Saoudite : «Les Russes doivent se refaire une armée. Leur matériel était en très mauvais état.»
 
Les actuels troubles en Ukraine pourraient cependant avoir un impact sur le budget russe de l'an prochain. 

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