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Des experts ayant participé à la gestion de la grippe H1N1 à l'OMS ont démenti mercredi toute influence de laboratoires

Notamment d'avoir formulé leurs recommandations sous leur influence.La gestion internationale de la pandémie est évaluée depuis lundi à Genève par des experts, alors que les critiques se sont multipliées contre l'Organisation mondiale de la Santé, accusée d'avoir exagéré la menace sous l'influence des groupes pharmaceutiques.
Article rédigé par France2.fr
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le siège de l'Organisation mondiale de la Santé à Genève, en Suisse.

Notamment d'avoir formulé leurs recommandations sous leur influence.

La gestion internationale de la pandémie est évaluée depuis lundi à Genève par des experts, alors que les critiques se sont multipliées contre l'Organisation mondiale de la Santé, accusée d'avoir exagéré la menace sous l'influence des groupes pharmaceutiques.

David Salisbury, président du Groupe de conseil stratégique sur la vaccination (SAGE), a avancé que les scientifiques conseillant l'OMS sur la grippe avaient pris "méticuleusement soin" d'éviter tout conflit d'intérêt et de maintenir leurs distances avec le secteur pharmaceutique. Il a rappelé que chaque expert siégeant dans le groupe avait dû remplir une déclaration assurant qu'il n'avait pas travaillé pour des entreprises ou institutions pouvant influencer son travail.

Le comité SAGE avait remis au printemps 2009 à la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, ses instructions techniques sur l'opportunité de produire un vaccin contre le virus, la date à laquelle la fabrication devait commencer et en quelles quantités.

L'OMS est accusée, notamment par des parlementaires du Conseil de l'Europe, d'avoir exagéré la menace sous l'influence des laboratoires pharmaceutiques, ce qui aurait poussé les gouvernements à acheter bien plus de vaccins que nécessaire.

Les conseils d'une quinzaine d'experts
Le président d'un comité qui conseille l'Organisation mondiale de la Santé sur les grandes crises sanitaires a par ailleurs estimé mercredi qu'il n'y avait pas de raison de "baisser la garde" sur la grippe H1N1: "Je ne pense pas que nous mettrons fin à ce stade à l'urgence de santé publique" déclarée en avril 2009, a indiqué le professeur australien John Mackenzie qui préside le comité d'urgence de l'organisation. "Nous avons quelques inquiétudes", a-t-il expliqué, en soulignant qu'il pouvait y avoir une deuxième vague du virus pendant l'automne et l'hiver à venir dans l'hémisphère sud.

Le comité d'urgence, composé d'une quinzaine d'experts, conseille l'OMS sur les recommandations et mesures à prendre en cas de grave crise sanitaire internationale. Son avis est consultatif, la décision finale incombant à la directrice générale de l'organisation Margaret Chan.

C'est sur sa recommandation que l'alerte mondiale avait été donnée en avril 2009 après la découverte du virus au Mexique et aux Etats-Unis, puis que la pandémie avait été déclarée en juin 2009.

Les nouveaux médias montrés du doigt
Mardi, un expert de l'organisation a indiqué que les nouveaux médias (Twitter, blogs, email) ont perturbé la communication autour de la grippe A.

Il y a eu "des informations, des rumeurs, beaucoup de spéculations et des critiques dans de nombreux supports" médiatiques, a rappelé le conseiller spécial pour les grippes de l'OMS, Keiji Fukuda, en revenant sur les difficultés rencontrées par l'organisation dans sa communication sur la pandémie.

Alors que son apparition au Mexique et aux Etats-Unis en avril 2009 avait mis le monde en émoi, et que sa propagation rapide faisait craindre une catastrophe sanitaire majeure, "l'information était bien plus disponible et décentralisée" qu'auparavant, a-t-il relevé. Si "les médias traditionnels" ont bien sûr relayé les informations des autorités, mais aussi les débats, doutes et polémiques au sujet de la nouvelle grippe, de nombreux nouveaux médias se sont aussi emparés du sujet, a-t-il souligné.

Attention aux rumeurs circulant sur la toile
Un ancien responsable des maladies contagieuses de l'OMS, David Heymann, a lui aussi estimé qu'il y a désormais "un nouveau facteur" à prendre en compte dans la communication sur les grandes crises sanitaires. Selon lui, "il est très difficile de corriger les idées erronées" une fois qu'elles circulent sur internet et dans les réseaux sociaux.

Des sites et blogs d'experts autoproclamés affirmant que la pandémie était une pure invention ont fleuri et "les campagnes anti-vaccination ont compliqué la tâche des services de santé publique", a aussi fait valoir le dr Fukuda. Des cas d'allergies graves au vaccin, et des décès suspects chez des personnes venant d'être vaccinées, ont été amplement commentés et relayés, renforçant la réticence des populations à se faire vacciner.

Nombre de pays se sont alors retrouvés avec des millions de vaccins inutilisés promis à la destruction, déclenchant une polémique sur l'exagération de la menace par l'OMS sous pression des laboratoires pharmaceutiques, alors même que le virus se révélait moins meurtrier qu'initialement craint.

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