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Taylor Swift, bientôt icône de la liberté d'expression en Chine?

La star de la pop américaine, Taylor Swift, lance une collection de vêtements et d'accessoires en Chine sous la marque «T.S.1989». Ses initiales et sa date de naissance, mais aussi le nom de son dernier album. Seulement, T.S.1989 fait aussi référence au massacre de Tiananmen en 1989, alors que la Chine fait tout pour oublier…
Article rédigé par Amira Bouziri
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
La chanteuse américaine, Taylor Swift, en concert à Shangai le 30 mai 2014, lors de sa tournée «The Red Tour». (QNB / IMAGINECHINA)

Le 4 juin 1989, plusieurs centaines d'étudiants sont tués par l'armée chinoise à Tiananmen Square, au centre de Pékin, alors qu'ils manifestaient contre la corruption et pour obtenir des réformes démocratiques. Six mois plus tard, de l'autre côté de l'océan Pacifique, Taylor Alison Swift naissait en Pennsylvanie. Avant l'annonce de l'arrivée de la collection de vêtements de la chanteuse en Chine, rien ne prédisait un quelconque lien entre ces deux événements.
 
«T.S.1989», c'est ce qui apparaîtra sur certains objets de sa collection, en vente sur le site de commerce en ligne chinois JD.com à partir du 8 août 2015. Cette inscription rappelle de manière flagrante le massacre de la place Tiananmen et sa date, le 4 juin 1989, dont les références sont constamment traquées par les autorités chinoises sur les réseaux sociaux. L'évocation de cet événement étant rigoureusement interdite.

Capture d'écran du site chinois JD.com sur lequel il est possible d'acheter les albums de Taylor Swift et bientôt sa collection de vêtements. (Capture d'écran site chinois JD.com / DR)

La chasse contre les symboles
Si la collection ne devrait pas être censurée pour le moment, ces objets porteront obligatoirement un message politique très fort. Depuis plusieurs années, un bras de fer s'est installé entre les internautes chinois et le gouvernement. Il est par exemple impossible de mentionner «Tiananmen Square» ou la date du  «4 juin 1989». Si bien que, pendant longtemps, pour pouvoir contourner ses règles de censure, les Chinois se sont amusés à faire référence au «35 mai» pour célébrer la date anniversaire de la répression qui a fait 260 morts, selon la Chine, mais plusieurs milliers, selon les organisations internationales. Depuis peu, ce détournement est également proscrit.
 
L'attention des autorités chinoises se concentre lors des dates anniversaires de l'événement. Tous les ans, au début du mois de juin, une paranoïa ambiante s'installe. En 2015, LeMonde.fr a noté un phénomène particulier. Si sur le réseau social chinois Weibo – l'équivalent de Twitter en Chine –, il n'est pas possible d'écrire les chiffres 89, 6, 4 ou 64, des Chinois à l'étranger ont remarqué qu'il n'était également pas possible de transférer de l'argent sur internet, pendant cette période, quand les montants était de 89 yuans ou 6,4 yuans.

Le 4 juin 2013, ce sont les canards en plastique jaunes qui étaient dans la ligne de mire des censeurs. Un internaute s'était amusé à reprendre la fameuse photo qui montre un homme seul face à des chars et à remplacer ces machines de guerre par des gros palmipèdes. Conséquence: il était dorénavant proscrit de les mentionner. Ecrire les mots «chemise noire» était également interdit pendant ce jour anniversaire, un internaute ayant proposé d'en porter une pour commémorer l'événement.

Détournement de la photo «L'homme de Tiananmen», avec des gros canards jaunes à la place des chars, postée sur le réseau social Weibo puis sur Twitter. (Capture d'écran Twitter / DR)

Taylor Swift n'avait certainement pas calculé cette provocation faite au régime chinois. Mais la chanteuse n'en est pas à une polémique près. Rappelons qu'elle a gagné une bataille contre Apple en boycottant le géant américain. Celui-ci ne voulait pas lui verser ses droits d'auteur pendant la période d'essai de son nouveau service de musique en ligne. Aujourd'hui, après les Etats-Unis, Taylor Swift pourrait devenir, malgré elle, le symbole de la liberté d'expression en Chine.

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