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Le défaut grec éclipse le krach boursier chinois

Rien ne va plus sur les bourses de Shanghai et Shenzen. En deux semaines, elles ont cédé 20% de leur valeur. Chaque rebond est suivi d’une nouvelle rechute qui efface les gains. On assiste à l’éclatement d’une bulle spéculative marquée par une hausse de 100% en un an. Simple correction ou retournement de tendance ?
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les valeurs des entreprises cotées à la bourse de Shanghai, le 1er juillet 2015. (AFP)

Les Chinois s’endettent pour jouer en bourse. 5% de la capitalisation boursière en Chine se fait à crédit. Selon Le Figaro, une transaction sur cinq se fait en empruntant. Aussi, en cas de baisse du marché, il faut vendre et vite, pour limiter les pertes. Evidemment l’effet est pervers, et auto-alimente le mouvement de baisse.
 
Ici la spéculation va bon train. Certaines petites sociétés technologiques, selon Boursorama, se paient jusqu’à 100 fois leurs bénéfices. L’immobilier est délaissé après 15 mois de chute des prix. Les placements financiers également, grevés par la baisse des taux d’intérêt.
  
Alors, les Chinois jouent en bourse. Au cours du mois de mai, 15 millions de comptes titres ont été ouverts. Ainsi, la capitalisation boursière en Chine à la mi-juin dépassait les 10.000 milliards de dollars (environ dix fois moins en France).

28 nouvelles sociétés en bourse en juillet 
Dans ce contexte, le marché logiquement corrige les erreurs. La banque centrale chinoise est intervenue rapidement. Elle a baissé les taux d’intérêt pour la quatrième fois en huit mois. Un signe pour inciter à l’investissement. Car pour le seul mois de juillet, 28 nouvelles sociétés vont entrer en bourse. Et il leur faut des acquéreurs.
 
Mais l'action de l'Etat n’a pas réussi à rassurer les investisseurs. Car les indicateurs économiques sont moroses. Pour la deuxième année consécutive, la croissance freine. 7% après 7,4% en 2014, ce qui était déjà le taux le plus faible depuis 1990. L’immobilier est en crise et le pays doit faire avec une population vieillissante.

L'annonce d'un futur krach mondial ?
Pour Pierre Picquart, docteur en géopolitique et spécialiste de la Chine, tout ceci n’a rien à voir avec l’état de l’économie chinoise. Pour lui, le marché boursier anticipe en fait une possible crise occidentale. De forts mouvements pourraient suivre sur les places boursières en Europe et aux Etats-Unis. Pierre Picquart se place dans le moyen terme, il y voit la forte capacité de l'économie chinoise à analyser l'état de l'économie mondiale. Et la problématique grecque, hors ou dans l’euro, pourrait être le déclencheur d'une crise majeure.

Pour Philippe Waechter, directeur de recherche économique chez Natixis, il ne faut pas s’inquiéter outre mesure de ce retournement des bourses chinoises.«Ce profil haussier ne pouvait pas durer longtemps» a-t-il confié à Géopolis.«Il y a une logique de prise de bénéfices». Mais il reconnait qu’il faut chercher ce qui, en Chine, a provoqué ce changement d’attitude des investisseurs. Le ralentissement de la croissance pourrait l’expliquer.

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