Chine : une nouvelle fuite de documents révèle le fonctionnement des camps de détention des minorités musulmanes au Xinjiang
Ces documents, obtenus par le Consortium international des journalistes d'investigation, détaillent les règlements draconiens régissant les sites de détention installés au Xinjiang.
Portes fermées à double tour et vidéosurveillance "complète", jusque dans les dortoirs et les toilettes. Une nouvelle fuite de documents officiels chinois jette une lumière crue sur les "centres de formation professionnelle" où seraient détenus plus d'un million de musulmans. Ces documents, obtenus par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et publiés dimanche 24 novembre par 17 organes de presse à travers le monde, détaillent les règlements draconiens régissant les sites de détention installés au Xinjiang, vaste région du nord-ouest de la Chine à majorité musulmane.
D'après des organisations de défense des droits de l'homme, plus d'un million de musulmans, principalement ouïghours, sont détenus au Xinjiang dans des camps de rééducation politique. Pékin récuse ce chiffre et évoque des "centres de formation professionnelle" destinés à lutter contre la radicalisation islamiste, en réaction à une série d'attentats sanglants attribués ces dernières années à des militants ouïghours.
Les autorités chinoises nient en bloc
Ces informations sont publiées une semaine après que le New York Times (en anglais) a réussi à se procurer plus de 400 pages de documents internes au pouvoir chinois, dont des discours secrets du président Xi Jinping appelant dès 2014 à lutter "sans aucune pitié" contre le terrorisme et le séparatisme au Xinjiang.
Parmi les révélations, des directives qualifient les détenus "d'étudiants" devant "obtenir leur diplôme". Ils sont soumis à un système d'évaluation par points qui mesure "leur transformation idéologique (...) et leur obéissance". Ils doivent rester en détention pendant au moins un an, même si cette règle n'est pas toujours appliquée, selon les témoignages d'anciens prisonniers recueillis par l'ICIJ.
A Londres, l'ambassade de Chine a nié l'authenticité des documents publiés, les qualifiant de "pure falsification" et de "fausses informations". "Il n'existe aucun document ou ordres pour de soi-disant 'camps de détention'", a-t-elle affirmé au quotidien The Guardian (en anglais), l'un des médias ayant publié les documents.
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