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Centrafrique : nouveau lynchage à Bangui

La situation en Centrafrique loin d'être apaisée. En 48 heures, deux impressionnants lynchages ont eu lieu Bangui. Et les récits de violence en province sont quotidiens. Voilà qui vient démentir les propos en début de semaine de l'ambassadeur de France sur place selon lequel "tout redémarre à Bangui". Le dernier de ces lynchages s'est produit ce vendredi matin dans le nord de la capitale. Retour sur les faits.
Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (Maxppp)

La victime de ce vendredi matin était un très
jeune homme. Il était avec ses parents, ses frères et sœurs, à l'arrière d'un
camion en route vers le Tchad. Depuis quelques jours, ce sont des milliers de
civils musulmans qui fuient Bangui la peur au ventre, à bord de véhicules
bondés. Près de 9.000 personnes de différentes nationalités ont fui vers le Cameroun au cours des dix derniers jours, a précisé vendredi après-midi le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations unies (HCR) à Genève.

"Il a été tué à l'arme blanche.
Il a eu un pied coupé, les mains coupées, le pénis coupé
 ", raconte Peter Bouckaert, responsable des urgences pour l'ONG Human Rights Watch qui est
arrivé juste après le massacre du garçon. A côté du cadavre, le
père du jeune homme se tenait debout. Il avait un bébé dans les bras. Il ne savait
s'il devait abandonner le corps de son fils pour ne pas perdre de temps, ou bien
s'il devait l'enterrer là avant de s'enfuir au plus vite.

Une situation en train de se détériorer

Peter Bouckaert
sillonne le pays depuis de nombreux mois. Il décrit une situation en train de
se détériorer encore un peu plus ces derniers jours : "Il
n'y a que l'ambassadeur de France pour dire que les choses vont mieux. Je
l'invite à venir voir ce jeune garçon coupé en morceau qui est actuellement à
mes pieds. Il fait peut-être cela pour qu'il comprenne ce qui se passe vraiment
dans la ville et dans le pays
 ".

La peur a changé de camp depuis que les
Seleka, majoritairement musulmans, ont perdu le pouvoir le mois dernier. Une
partie de  population à majorité chrétienne
se venge de dix mois d'enfer et d'humiliation. Mercredi, à l'issue de la grande cérémonie officielle marquant la
reconstitution de l'armée centrafricaine
, des soldats s'en étaient déjà pris à l'un des
leurs. Là aussi il s'agissait d'un très jeune homme. Ils le suspectaient d'être
un ex-Seleka. Son corps mis à nu a également été mutilé, traîné dans les rues
dans la poussière, avant d'être brûlé devant les caméras des journalistes
internationaux.

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