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Varginha, la favela choisie par le pape à Rio

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Construite en 1940, Varginha est une petite favela pacifiée du complexe de Manguinhos, au nord de Rio. C’est ici que le pape a décidé de se rendre lors de son séjour au Brésil pour les JMJ 2013.

Dans une zone du nord de Rio de Janeiro, surnommée la «bande de Gaza» en raison de la violence qui y règne, se trouve Varginha. C’est une petite favela pacifiée depuis le 14 octobre 2012, après que la police lourdement armé a repris ce territoire aux dealers.

Varginha et les favelas voisines furent le lieu d’un intense trafic de drogue dans les années 90. Aujourd’hui, la zone est sécurisée mais, selon les habitants, les trafiquants y sévissent encore, plus discrètement.
  (REUTERS/Ricardo Moraes )
La visite du pape à Varginha, où vivent un peu plus de mille personnes, est l’un des moments forts de son voyage.
 
«Ici, on était oubliés de tous, on a beaucoup souffert. Le pape est un saint homme et cela va nous aider. Il faut plus de projets pour les enfants», commente une résidente.
 
Qu’ils soient catholiques ou évangéliques, tous les habitants sont ravis que le pape ait choisi ce lieu pour sa visite au Brésil. (AFP/Wagner Meier/Lancepress!)
Ce voyage est aussi une façon de reconquérir le cœur des Brésiliens qui se tournent massivement vers les églises évangéliques pentecôtistes, omniprésentes et très actives dans les grandes villes et leurs périphéries déshéritées.
 
Comme de nombreuses favelas, Varginha a connu ces dernières années une forte montée de ces églises protestantes.
 
Les catholiques n’ont pour prier qu’une église et une minuscule chapelle inachevée de Saint-Sébastien pour quatre temples néo-pentecôtistes.
 
Cette visite sera l'occasion pour le Vatican de montrer qu'il n'a pas abandonné le terrain et pour le Saint-Père d’être l’apôtre d'une église missionnaire proche des pauvres. (AFP PHOTO/CHRISTOPHE SIMON)
En l’espace de trente ans, les cabanes de bois ont laissé place aux maisons de briques.
Mais depuis deux mois, la favela bénéficie de l’attention toute particulière des services de la mairie.
Les employés bouchent les derniers trous et enlèvent les piles de détritus et les épaves automobiles. Pour l’occasion, la rue principale a été entièrement goudronnée.
«De quoi faciliter le passage du Saint-Père, mais attention, on ne veut pas de maquillage ! Le pape doit nous voir tel qu’on est», résume enthousiaste Everaldo Oliveira, le responsable du comité d’accueil. (AFP/Wagner Meier/Lancepress!)
Mais il reste beaucoup à faire au niveau des infrastructures. Les deux rivières qui bordent Varginha sont totalement polluées.
 
Beaucoup de cours d’eau sont souillés par les eaux usées issues des ménages ou des industries. A peine 35% des eaux sont traitées et recyclées au Brésil. L’Etat vient de mettre en place un programme d’assainissement. (REUTERS/Ricardo Moraes)
Les jeunes du bidonville assistent à un tournoi de football organisé par le célèbre joueur brésilien, Jairzinho. Aujourd’hui à la retraite, il a créé des clubs spécialisés pour les aider.
 
Avant de se rendre à Varginha, le pape argentin, grand amateur de ce sport, va recevoir les clés de Rio et bénir le Mondial-2014 de football et les jeux Olympiques de 2016, lors d'une cérémonie en présence de Pelé, considéré comme le plus grand joueur de tous les temps, et de la nouvelle star du ballon rond, Neymar. (REUTERS/Sergio Moraes)
Sur le terrain de foot de la favela, plus de 20.000 Brésiliens écouteront les bénédictions du souverain pontife.
«Quand j’ai appris que le pape nous rendrait visite, je n’y croyais pas. Nous sommes tellement petits ! Je pensais plutôt qu’il choisirait les favelas célèbres de la zone sud, comme le font tous les acteurs, les chefs d’Etat… C’est un humble comme nous !», s’est émerveillé Everaldo Oliveira. (AFP/Wagner Meier/Lancepress!)
François a déclaré vouloir «une Eglise pauvre pour les pauvres».
 
Il désire lors de sa visite dans la favela se déplacer à pied et rencontrer les habitants directement chez eux.
 
«François parcourra à pied les 200 mètres qui séparent l'église du terrain de foot. Sur le trajet, il s'arrêtera chez huit habitants comme un père rend visite à ses enfants», explique Everaldo Oliveira. (AFP/Wagner Meier/Lancepress!)
Un message  a été écrit par un habitant de Varginha à l’adresse du pape François : «Le pape viendra à Varginha à la rencontre des pauvres. Et cela les rend heureux.» (REUTERS/Ricardo Moraes)
Amara Marine Oliveira espère que François viendra chez elle.
 
Les habitants sont enthousiastes et certains ont trouvé un moyen de se faire un peu d’argent en louant, chambres et appartements aux visiteurs et nombreux «touristes» attendus.
 
Pour l’instant, ce sont surtout les journalistes du monde entier qui battent le pavé.
 
Seule la chapelle Sao Jeronimo de Emiliani offre un peu de repos à cette agitation ambiante. (REUTERS/Sergio Moraes)
Un policier de l'unité de police de maintien de la paix surveille la chapelle de Sao Jeronimo où se rendra le Saint-Père, le 25 juillet.
 
Un autre personnage célèbre, proche également des plus démunis, en avait franchit le seuil en 1972. Il s’agissait de mère Teresa. (REUTERS/Ricardo Moraes)
Le Père Marcio Queiroz, curé de la chapelle, estime que le choix de sa favela correspond à l'image du nouveau chef de l'Eglise catholique: «Peut-être qu'il s'est identifié d'une manière très forte à cette favela. Une petite communauté pauvre.» (REUTERS/Sergio Moraes)
Dans la chapelle de Sao Jeronimo, une femme âgée sort à l’occasion de la visite papale une statue de Saint-Sébastien.
 
La plupart des catholiques rêvent d’approcher François et de recevoir sa bénédiction.
 
«Je vais au moins essayer de m'approcher de lui. Je lui demanderai de bénir tous les Brésiliens, qu'il demande la paix pour nous tous car la violence est encore importante, et aussi plus de foi dans le cœur des gens», confie une dévote de Saint-Sébastien. (AFP PHOTO/CHRISTOPHE SIMON)
 «J'ai senti l'appel de Dieu (…). Ce n'est pas simplement pour voir le pape. C'est une rencontre avec le Christ», pouvait-on entendre de la bouche de certains pèlerins venus assister à la procession dans le centre de Rio.
 
C’est avec la même ferveur que les habitants de Varginha attendent sa venue.
 
Le pape a également prévu lors de sa visite de rencontrer de jeunes détenus, des toxicomanes et des alcooliques. (AFP PHOTO/CHRISTOPHE SIMON)
Depuis un mois, le pays est traversé par une crise sociale sans précédent, la plus importante des vingt dernières années.
 
De nombreuses manifestations ont éclaté dans la plupart des villes brésiliennes, dénonçant la corruption, la vie chère, l’augmentation des prix et des services publics déficients.
 
Le gouvernement espère que la visite de pape et son message de solidarité avec les pauvres et les classes moyennes émergentes calmeront les esprits.
 
«La crise ne fait pas de bien aux jeunes… Nous courons le risque de nous retrouver avec une génération qui n'aura pas de travail. Or, c'est du travail qu'une personne tire sa dignité.» a déclaré le pape François avant son voyage. (AFP/Wagner Meier/Lancepress!)

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