Les tensions en mer de Chine poussent les pays de l'Asie-Pacifique au réarmement
La décision de Canberra de construire 12 sous-marins de nouvelle génération et autant de navires militaires révèle les précautions prises par l'Australie face à la montée de la puissance militaire Chinoise.
La Chine de Xi Jinping met à profit les échecs militaires des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan pour effectuer une spectaculaire poussée en Asie du Sud-Est, avec pour objectif le leadership régional. Pékin déploie une stratégie de contrôle de la mer de Chine qui se traduit par la multiplication des incidents, avec le Japon autour des îles Senkaku, avec le Vietnam, et les Philippines autour des îles Spratley et Paracels. Pékin entend contrôler l’ensemble des routes maritimes de la région Asie-Pacifique, comme le montre la hausse de 43% de son budget militaire depuis 2010.
La tension se cristallise autour des îles Spratley, un vaste archipel coralien d’une centaine d’îles, quasiment inhabitées, s’étalant sur quelque 410.000 kilomètres carrés. Situés sur un carrefour de routes maritimes stratégiques pour le commerce mondial, ces îlots sont revendiqués, pour tout ou partie, par la Chine, le Vietnam, les Philippines, Brunei, Taïwan et la Malaisie. Pékin y mène actuellement d’énormes opérations de remblaiement, de façon à transformer des récifs coralliens en ports, piste d’atterrissages et stations radars.
Contrôle des routes maritimes
La possession de ces îlots permet de contrôler le trafic maritime. 70% des importations japonaises de pétrole passent par le détroit de Malacca, à proximité des îles Spratley et Paracels. La Chine peut ainsi assurer la sécurité de ses approvisionnements, contester le monopole militaire américain dans la région, et disposer d’un fort moyen de pression sur son voisin japonais.
Les projets chinois d’intégration économique et monétaire du Pacifique autour des nouvelles routes de la Soie comme le renforcement de sa puissance militaire visent à évincer les Etats-Unis de la zone, tout en encerclant le Japon et l’inde. Parallèlement, la Chine resserre son emprise sur Taïwan dont l’activité économique dépend de plus en plus des entreprises du continent.
Un budget militaire croissant
Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, en 2013, Le monde découvre une Chine qui revendique la nouvelle puissance de son pays, devenue évidente lors de l’impressionnante parade militaire de 2015. L’Empire du Milieu possède désormais la plus importante flotte d’Asie. «Après la mise à l’eau du porte-avions Liaoning et d'un deuxième en construction, la domination maritime est clairement en train de devenir l’un des objectifs militaires chinois», écrit Philipe Le Corre, chercheur associé à l’IRIS. En 2012, la marine chinoise ne comptait pas moins de 470 navires et de 650 avions de combats. En 2020, Pékin disposera de 70 sous-marins et d’une armée modernisée équipée de missiles longue portée.
Réarmement japonais et australien
Face à la montée de la puissance chinoise, le Japon a décidé à son tour de renforcer rapidement sa force navale. Le Premier ministre Shinzo Abe, qui estime ne pas pouvoir fonder sa sécurité à long terme sur la seule garantie américaine, se libère progressivement des entraves au renforcement de sa capacité militaire, imposés après 1945. L'isolationisme américain d'un Donald Trump ne va pas rassurer Tokyo. La décision de l’Australie de renforcer ses forces sous-marine et navale va dans le même sens.
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