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Détenu de luxe au Pakistan, Pervez Musharraf écrit

Pervez Musharraf a été président jusqu’en 2008. Aujourd'hui, assigné à résidence en banlieue d'Islamabad, il coule des jours qui, à défaut d’être heureux, sont surveillés dans une résidence de luxe. Là, il a tout le temps pour se livrer à ses nouveaux passe-temps, l’écriture et la musculation.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié
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Résidence de l'ancien dirigeant pakistanais, Pervez Musharraf en banlieue d'Islamabad.  (AFP PHOTO / AAMIR QURESHI / FILES)

A Chak Shahzad, dans un décor bucolique, le septuagénaire occupe une maison cossue (1.100 m²), plus proche du riad marocain que du palais de Shérazade. Une résidence achevée quand il vivait en exil entre Londres et Dubaï, et que Pervez Musharraf a découverte à son retour au pays.
 
Décorée à son goût, elle offre à voir des photos du gotha des dirigeants de la planète, les traditionnelles épées et sabres des généraux pakistanais, et même un morceau du tissu ayant, paraît-il, enveloppé la Kaaba, monument au cœur de La Mecque.
 
Un lieu hautement sécurisé
C’est dans ce décor qu’il rédige ses mémoires, ou se fait des abdominaux en béton, sous haute surveillance toutefois. Pas moins de 300 policiers, paramilitaires, soldats, tireurs d'élite et forces antiterroristes surveillent ce prisonnier d’un genre particulier.
 
Il faut dire qu’ils sont nombreux ceux qui veulent sa peau, notamment les groupes islamistes armés pakistanais. Ces derniers ne lui ont jamais pardonné d’avoir aligné son pays sur la «guerre contre le terrorisme» lancée par les Etats-Unis fin 2001.
 
Et comme un homme averti en vaut deux, il fait appel à un goûteur pour ne pas prendre le risque d’être empoisonné. A lui, donc, les petits plats mitonnés par son chef personnel !

 
Un régime de star pour l’ancien président, rentré d'exil en mars 2013 pour «sauver» son pays, mais qui a été rapidement placé en résidence surveillée en raison de nombreuses affaires, héritées des ses années au pouvoir (1999-2008). Un pouvoir qu’il avait dû quitter sous la pression internationale. Il est ainsi accusé des meurtres d'Akbar Bugti, chef rebelle de la province du Baloutchistan, en 2006 et de l'ex-Première ministre Benazir Bhutto, en 2007, notamment.
 
En outre, il est également visé par de nouvelles accusations pour son implication dans l'opération  militaire sanglante contre des islamistes retranchés dans la Mosquée Rouge d'Islamabad en 2007. Autant d’accusations que son entourage dénonce comme «fausses, fabriquées et motivées par des intentions politiques».
 
Un entourage qui passe la plupart de son temps à l'étranger. Sa femme Sehba vit à Dubaï, son fils Bilal aux Etats-Unis et sa fille, Ayla, a quitté Karachi pour Dubaï à l’été 2013 en raison de menaces.

L'ancien président pakistanais Pervez Musharaf quitte le tribunal de Rawalpindi sous bonne escorte le 20 août 2013 (AFP)

Il rédige ses mémoires
Mais pour l’heure, une chose l’intéresse, la rédaction du second tome de ses mémoires. L'ancien général avait déjà publié en anglais en 2006 Sur la ligne de feu. Ce deuxième volume racontera «son pic de popularité en 2007, sa chute, son exil volontaire, la genèse de son parti politique et son retour au Pakistan». Tout un programme détaillé par Raza Bokhari, son porte-parole officiel (ou son nègre ?).
 
Au Pakistan, les procès peuvent s'étirer sur des mois ou des années, et les charges peuvent même être abandonnées en cas d'accord pour exfiltrer une personnalité. Résultat : ce séjour contraint a des airs de grandes vacances… à risques toutefois.
 
Certains observateurs ont évoqué un possible accord entre le pouvoir et le clan Musharraf pour lui organiser un nouvel exil. Mais ses proches assurent qu’il restera au Pakistan pour faire face aux accusations et redorer son blason.
 
Quoi qu’il en soit, selon son entourage, Pervez Musharraf a le moral, mais peste contre la justice, dont le système le… déçoit.

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