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Thaïlande : Washington met la pression sur la junte militaire

Une semaine après le coup d'Etat déclenché par l'armée, les Etats-Unis appellent les militaires à organiser des élections au plus vite. La junte annonce qu'elles auront lieu, mais pas avant un an.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des Thaïlandais écoutant le chef de la junte militaire auteur d'un coup d'Etat, le 30 mai 2014 à Bangkok (Thaïlande). (NICOLAS ASFOURI / AFP)

Les Etats-Unis ont appelé, samedi 31 mai, à des élections rapides en Thaïlande. La veille, le chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir le 22 mai, a annoncé qu'aucune élection ne serait organisée avant au moins un an, avec d'ici là aux commandes un "conseil des réformes".

L'annonce de Bangkok a provoqué la colère de Washington et le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, en tournée dans la région, a rapidement réagi en demandant instamment à la junte thaïlandaise de relâcher ses prisonniers et en lançant un appel à des élections rapides. "Nous demandons instamment aux forces armées royales thaïlandaises de libérer les personnes détenues, de mettre fin aux restrictions de la libre expression et de restaurer immédiatement le pouvoir du peuple thaïlandais grâce à des élections libres et justes", a déclaré Chuck Hagel lors d'un forum sur la sécurité en Asie-Pacifique à Singapour.

La "feuille de route" présentée vendredi par le général Prayut Chan-O-Cha prévoit une "première étape" de "réconciliation" nationale pendant deux ou trois mois, dans ce pays profondément divisé entre partisans et détracteurs de Thaksin Shinawatra, milliardaire devenu Premier ministre, puis renversé par un coup d'Etat en 2006. La "deuxième étape" devrait ensuite permettre la mise en place "de réformes", avec aux commandes un "conseil des réformes". "La troisième étape correspond à des élections générales avec un système démocratique absolu qui soit acceptable par toutes les parties", assure le chef militaire.

"Améliorer la démocratie"

Ce plan de la junte militaire ressemble fort au programme des manifestants d'opposition qui ont réussi, après sept mois de mobilisation, à faire intervenir l'armée dans le conflit politique afin de renverser le gouvernement. Les manifestants réclamaient la mise en place d'un "Conseil du peuple", non élu, le temps d'adopter des réformes avant toute nouvelle élection, dans un délai de plus d'un an, faisant douter de leur attachement à la démocratie.

Assurant "ne rien attendre en retour", le général Prayut a appelé la communauté internationale à comprendre que la Thaïlande avait "besoin de temps pour changer les attitudes, les valeurs" et "améliorer la démocratie". Jeudi, l'Union européenne, important partenaire commercial de la Thaïlande, avait estimé que seul un plan précis sur le retour à la démocratie pourrait permettre "la poursuite de son soutien".

De leur côté, les Etats-Unis avaient renouvelé leur appel en faveur d'un rapide retour à la démocratie, la porte-parole du Département d'Etat Jen Paski déclarant que Washington "aurait recours à tout levier politique, tout levier économique là où cela serait possible pour faire pression".

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