Après les implants mammaires, des prothèses de hanche défectueuses
Interdites en Australie et aux Etats-Unis depuis 2009, elles ont continué à être posées en France pendant un an, révèle lundi "Le Figaro".
Des centaines de milliers de patients dans le monde pourraient avoir été exposés à des taux importants de métaux toxiques, dus à des prothèses de hanche défectueuses, alors que le risque était connu, s'alarment mardi 28 février dans une enquête commune le British Medical Journal (BMJ) (article en anglais) et la BBC.
Des prothèses interdites aux Etats-Unis en 2009
De son côté, Le Figaro révélait lundi que les prothèses de hanche ASR fabriquées par DePuy Orthopaedics (filiale de la société américaine Johnson & Johnson), retirées des marchés australien et américain en 2009, ont continué à être vendues jusqu'en juillet 2010 en France, où elles seraient portées par 380 personnes. "Le scandale des prothèses de hanche ASR serait presque passé inaperçu si le géant américain Johnson & Johnson ne venait de provisionner trois milliards de dollars en prévision des procès à venir", écrit le journal.
Les prothèses ASR en cause ont la particularité d'associer un couple métal sur métal, un modèle réputé plus résistant que les autres associations à base de céramique, mais qui a l'inconvénient, du fait des frottements, de libérer des ions métalliques. Elles ont aussi montré un taux de "reprise" (remplacement) plus important que d'autres prothèses. Le BMJ relève que "l'incertitude entoure la toxicologie des ions métalliques dans le corps", mais suggère qu'un tel niveau d'incertitude n'aurait pas été acceptable pour un médicament.
Le débat autour de la régulation des dispositifs médicaux relancé
"La pose de prothèses de hanche est une des grandes réussites de la médecine moderne", a déclaré le docteur Fiona Godlee, rédactrice en chef du BMJ. "Mais la combinaison d'une régulation inappropriée et d'un mercantilisme sans limite a causé un mal réel et potentiel pour un grand nombre de patients à travers le monde", a-t-elle souligné. "Ils auraient dû être informés des risques, comme les fabricants et les autorités de régulation l'étaient, mais on ne leur a rien dit", a-t-elle regretté.
Selon l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) interrogée par Le Figaro, "il y a eu un signalement en 2010, cinq en 2011 et un en 2012". Les prothèses de hanche, comme les implants mammaires, font partie des dispositifs médicaux et ne sont donc pas soumises aux mêmes contraintes que les médicaments pour leur mise sur le marché. Une autre affaire qui, après le scandale des prothèses PIP, relance la question de la régulation de ces produits.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.