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Après 100 jours au pouvoir, le bilan mitigé du président égyptien Mohamed Morsi

Il le reconnait lui-même : les objectifs ne sont pas (totalement) remplis. Mohamed Morsi s'était donné 100 jours pour régler cinq problèmes de la vie quotidienne, et le bilan est largement négatif. Pire, la population vit toujours dans l'inquiétude, malgré quelques avancées.
Article rédigé par Olivier Bénis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (SIPA / Maya Alleruzzo Autre)

Évidemment, pour le peuple égyptien, Mohamed Morsi c'est d'abord l'homme qui a mis les militaires sur la touche. C'était l'une des principales attentes de la population, et le président élu a réussi à renvoyer l'armée dans les casernes, encore plus vite que prévu. Une situation inédite depuis le renversement de Moubarak seize mois auparavant et la prise de pouvoir par les militaires.

Dans l'euphorie de sa victoire électorale, fin juin, Mohamed Morsi avait pris d'autres engagements, avec un succès plus mitigé... voire des échecs retentissants. Il faut dire que l'Égypte part de très loin. Le pays est 101e sur 169 en terme d'indice de développement humain (selon l'Onu). Deux cinquièmes des 83 millions d'habitants sont considérés comme pauvres. C'est sur ces questions que le président est attendu, encore aujourd'hui.

Cinq promesses tenues... sur 64

Des problèmes très concrets n'ont toujours pas obtenu de solution. Exemple type : l'approvisionnement de la population en gaz. Des millions de logements ne reçoivent pas le gaz de ville, et ont besoin d'être fournis en bombonnes de butane. Ce n'est toujours pas complètement le cas, reconnait le président lui-même : l'offre est de 15% inférieure à ce qu'elle devrait être.

Globalement, les 64 promesses électorales de Mohamed Morsi sont loin d'avoir été tenues. Le site Morsi Meter, qui mesure l'avancement des réformes, estime que seuls cinq de ces engagements ont été tenus. Même si l'opposition reconnait des avancées notables, notamment dans la justice et le maintien de l'ordre.

Le vrai test : la nouvelle Constitution

Sur le plan politique, Mohamed Morsi marche aussi sur des oeufs. Il doit jongler entre les convictions de ses soutiens, les Frères musulmans, et sa volonté d'être un président pour tous, notamment pour les laïcs du pays. La prochaine Constitution devra refléter cet équilibre, alors que le débat tourne autour du rôle de la loi islamique dans le nouveau texte et dans le gouvernement.

Le retour de l'Égypte sur la scène internationale

Dernier aspect, plus positif, le rôle que Mohamed Morsi a réussi à jouer sur le plan diplomatique. Il a notamment passé avec brio le test du film islamophobe "L'Innocence des musulmans", en ménageant à la fois Washington et sa propre population. Il a également imposé un nouveau positionnement en se déplaçant à Pékin, Téhéran, New-York, Ankara... Poussant même l'Iran à s'engager diplomatiquement pour mettre fin au conflit syrien.

Reste qu'en Égypte, le président laisse défiler les jours sans action concrète sur le plan social. Et en inquiétant aussi sa population avec des textes de loi ou des projets qui en disent long sur les intentions des Frères musulmans.

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