Cet article date de plus d'onze ans.

Venezuela. "Chavez a livré le pays aux milices et à la guérilla"

Alors que le président sortant brigue un nouveau mandat, Caroline du Saint décortique dans un documentaire "le système Chavez".

Article rédigé par Simon Gourmellet - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président vénézuélien, Hugo Chavez, lors d'un meeting, le 28 septembre 2012 dans l'Etat de Monagas.  (JUAN BARRETO / AFP)

AMERIQUES - Le Venezuela, plus dangereux que l'Irak, le Mexique ou encore la Colombie. Depuis quatorze ans, et l'arrivée d'Hugo Chavez au pouvoir, la violence est devenue le quotidien des Vénézuéliens. Alors que le président sortant brigue dimanche 7 octobre un nouveau mandat qui lui permettrait de cumuler deux décennies au pouvoir, les journalistes Caroline du Saint et Ibar Aibar ont "décortiqué le système Chavez" dans un documentaire.

FTVi : Pourquoi ce titre, Hugo Chavez, le grand mensonge ?

Caroline du Saint : Notre documentaire n'est pas un pamphlet anti-Chavez, mais une radiographie de la société vénézuélienne après quatorze années passées sous sa présidence. Car ce qui est choquant, c'est le contraste entre son discours et la réalité. Il assure qu'il fait et continuera de faire le bien, mais en définitive, il a fait comme tous les autres dirigeants sud-américains et a mis en place une oligarchie classique qui détient tous les rouages du pouvoir.

Pourtant, avec la nationalisation de l'industrie pétrolière, Hugo Chavez a profondément réformé le pays…

Le Venezuela possède en effet les plus grandes réserves de pétrole au monde, devant l'Arabie saoudite. Une manne qui a permis des progrès incontestables en matière d’éducation, d’alphabétisation et de santé. La pauvreté a été fortement réduite et l’extrême pauvreté presque éradiquée. Mais ce qui frappe lorsque l'on se rend dans ce pays, c'est l'insécurité. 

Avant l'arrivée de Chavez, il y avait près de 4 000 morts par arme à feu chaque année. Maintenant, ils sont près de 19 400, soit quatre fois plus qu’en Irak, et autant qu'au Mexique. Pourtant, le pays est épargné par les gangs et le narcotrafic. A Caracas, on compte en moyenne une cinquantaine de morts chaque week-end pour un téléphone, une voiture ou une simple rixe. Mais le sujet n'est jamais abordé. Le président a interdit les statistiques pour éviter d'avoir à rendre des comptes. Seuls certains journalistes continuent de compter les cadavres dans les morgues.

Comment cette violence s'explique-t-elle ?

C'est le changement de système qui est responsable de cette situation. Chavez a complètement démantelé la police et la justice, des institutions bourgeoises, selon lui. Il a donc livré le pays aux milices et à la guérilla, permettant aux armes de se répandre. Dix-neuf millions d'armes à feu circulent pour 27 millions d'habitants. La population est donc soumise à la loi du plus fort et 90% des meurtres restent impunis. 

Ces élections sont l'occasion de changer la donne. Chavez est-il pour autant menacé ? 

Le président sortant a toujours gagné ses élections haut la main, excepté lors du référendum sur la modification de la Constitution en 2007. Sa popularité reste indéniable. Son style direct plaît et ses discours enflammés, qui peuvent durer près de onze heures, électrisent toujours les foules. De plus, l'amour que lui porte la population est sincère.

Son point faible, c'est sa santé. Atteint d'un cancer, il a été absent de septembre 2011 à mai 2012 pour se soigner à Cuba. De ce fait, il a perdu du terrain au profit de son adversaire Henrique Capriles Radonski. A 40 ans, l'homme est en pleine forme et n'hésite pas à se mettre lui aussi en scène pour montrer son énergie. Ses supporters sont majoritaires dans les classes moyennes et supérieures, moins nombreux dans les classes populaires. Ses meetings rassemblent des dizaines de milliers de personnes malgré le risque pour les participants d'être fichés et pour les fonctionnaires d'être renvoyés. Capriles a réussi à mettre en danger Chavez, et ça, c'est déjà un exploit.


Hugo Chavez, le grand mensonge, un documentaire de Caroline du Saint et Ibar Aibar, sera diffusé lundi 8 octobre à 23h05 sur Canal+.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.