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Tunisie : second tour des élections législatives, sur fond de désintérêt de la population et de pénuries historiques

Les Tunisiens votent dimanche 29 janvier pour le second tour des élections législatives. En décembre 2022, lors du premier tour, la participation avait atteint à peine 11 %, un record mondial. La population est davantage préoccupée par la pénurie de produits de base dans le pays.
Article rédigé par franceinfo - Mathieu Galtier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La pénurie touche de nombreux produits en Tunisie. (FETHI BELAID / AFP)

Lait, beurre, sucre, café... Les produits de base se font de plus en plus rares en Tunisie. Dans ce contexte de pénurie, la population ne se mobilise pas pour les élections législatives. Le deuxième tour a lieu ce dimanche 29 janvier. Le 17 décembre 2022, lors du premier tour, un record mondial avait été atteints avec à peine 11% de participation.

Faire la queue est devenu un sport national en Tunisie. Avant de passer à la caisse, Hichem Zarroug a dû faire la queue au rayon lait pour obtenir les deux litres réglementaires. Les précieuses briques de lait en main, ce Tunisien n’est pourtant pas satisfait : "J’ai trois enfants, explique le père de famille. J’utilise, par jour, deux à trois paquets, et je ne peux pas assurer cette quantité."

La guerre en Ukraine aggrave les pénuries en Tunisie

Le prix du lait est aujourd'hui fixé par l'Etat. Les éleveurs dénoncent un prix trop faible. Pour Karim Daoud, éleveur de vaches et dirigeant du syndicat agricole Synagri, la crise du secteur n’est pas près de se terminer : "Nous perdons un peu plus de 500 millimes au litre de lait. Et donc, il y a eu beaucoup d’abattages." 

"On estime aujourd’hui à 20 %, 30 % la diminution du cheptel en Tunisie, et ça, c’est extrêmement inquiétant."

Karim Daoud éleveur de vaches et dirigeant du syndicat agricole Synagri

à franceinfo

Ces derniers mois, le coût de la nourriture animale a augmenté à cause de la guerre en Ukraine et de la chute du dinar. Un autre produit a presque totalement disparu des étals : le café. Pour réduire sa dette extérieure, qui représente 90 % du PIB, l’État a réduit les importations de nombreux produits, dont le café. Trente minutes après son ouverture, la boutique de café d’Ahmed est déjà vide : "Des jours, on est approvisionné en café, des jours non, sans savoir à l’avance. Donc, les gens arrivent très tôt pour faire la queue et espèrent tomber sur un bon jour."

Les Tunisiens ne croient plus en la politique

Dans ces files d’attente, rares sont les Tunisiens qui iront voter ce dimanche 29 janvier pour le second tour des élections législatives. Personne ne croit que la politique puisse régler la crise. Pour l’économiste Bassem Ennaifer, c’est même le contraire. Le gouvernement préfère rembourser ses emprunts qu’augmenter son ardoise auprès des fournisseurs locaux et étrangers : "La Tunisie veut respecter ses engagements internationaux en remboursant toutes les échéances dans les dates prévues, et ce, pour garder un minimum de crédibilité financière du pays, même au détriment des matières de base, des matières essentielles."

Le Ramadan débute dans moins de deux mois. Les familles ont déjà commencé à faire des stocks car les pénuries doivent s'accentuer.

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