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Les albinos de Tanzanie victimes des sorciers et des trafiquants

Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
En Afrique en général et en Tanzanie en particulier, une anomalie génétique en fait des proies. Qu'on mutile et qu'on tue sous couvert de prétendus pouvoirs magiques. Victimes de croyances d'un autre âge et de l'appât du gain, les albinos sont à la merci de superstitions. Et ce, bien que le gouvernement ait mis en place des mesures pour les protéger.

Le 14 mai 2014, deux guérisseurs ont été arrêtés dans la région de Simiyu, au nord-est du pays. On les soupçonne d'être impliqués dans le meurtre de Munghu Lugata, une femme de 40 ans. Selon l'ONG Under The Same Sun («Sous le même soleil»), la victime a eu la jambe et plusieurs doigts coupés. Elle est la 73e personne souffrant d'albinisme à avoir été tuée depuis 2000 en Tanzanie.

Avec des élections qui se profilent en octobre 2015 en Tanzanie, les albinos «craignent pour leur vie», poursuit l'ONG, selon qui «la demande au marché noir de membres d'albinos monte en flèche durant ces périodes». Explications: «Les guérisseurs disent à leurs clients que la peau, les cheveux et les organes de personnes atteintes d'albinisme, combinés avec leurs potions magiques secrètes garantissent le succès, la fortune et la victoire aux élections...»

Illustration en huit photos.

L’albinisme est caractérisée par un faible taux de mélanine dans le sang conduisant à une absence de pigmentation de la peau, des poils, des cheveux et des yeux. Les albinos sont souvent mal-voyants et sujets à des cancers de la peau. (BUNYAMIN AYGUN / MILLIYET DAILY / AFP)
Ce particularisme atteint une personne sur 20.000 en Europe ou aux Etats-Unis. Une sur 4000 en Afrique et une sur 3000 en Tanzanie, ce qui en fait le pays à plus fort taux du monde, selon l'association des Albinos de Tanzanie. Ils seraient au moins 150.000 sur les 48 millions d'habitants.
 (BUNYAMIN AYGUN / MILLIYET DAILY / AFP)
Les albinos de Tanzanie sont appelés «zeru zeru», les fantômes. En Afrique, ces personnes ont une espérance de vie d'une trentaine d'années. (BUNYAMIN AYGUN / MILLIYET DAILY / AFP)
Le gouvernement tanzanien a lancé un recensement de ces populations à risque et mis en place des groupes de travail pour enquêter sur les meurtres d'albinos, passibles de la peine capitale en Tanzanie.  (BUNYAMIN AYGUN / MILLIYET DAILY / AFP)
La présence au parlement tanzanien depuis 2010 du premier député albinos pourrait changer le regard des citoyens sur ces personnes vulnérables. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)
Des mesures pour tenter d'enrayer les assassinats, notamment d'enfants, ont été prises: escortes jusqu'à l'école, fournitures de portables – pour qu'ils puissent au moins tenter d'alerter quelqu'un en cas d'attaque – et ouverture de refuges. Mais ce qui est possible dans les agglomérations l'est moins dans les campagnes, où les agressions sont légion.  (YASUYOSHI CHIBA / AFP)
Les albinos vivent dans la terreur. Le prix payé pour leur sang ou un de leurs membres peut atteindre 2000 euros. Le petit frère d'Amani a été tué et mutilé en février 2008. Il avait 5 ans. (AFP PHOTO / TONY KARUMBA)
Force est de constater qu'il faudra du temps et des campagnes d'éducation pour inverser la tendance dans un pays où pêcheurs, chercheurs d'or voire élites de la nation prêtent aux décoctions humaines d'albinos des vertus censées conjurer le sort, apporter le pouvoir, la vitalité sexuelle et la fortune.  (YASUYOSHI CHIBA / AFP)

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