Au Soudan, une femme risque la lapidation pour adultère
Maryam Alsyed Tiyrab, âgée de 20 ans, a été condamnée par un tribunal qui se base sur la loi islamique.
Une Soudanaise a été reconnue coupable d’adultère par un tribunal pénal de Kosti dans l’Etat du Nil Blanc, dans le sud du Soudan, fin juin 2022. La peine n’a pas encore été approuvée par la Haute Cour, selon une ONG africaine qui a alerté sur le sort de Maryam Alsyed Tiyrab, une jeune femme de 20 ans. Pour le Centre africain sur la justice et la paix (ACJPS), la condamnation constitue une violation claire du droit national et international.
En août 2021, le Soudan a ratifié la convention contre la torture. Par conséquent, l’exécution par lapidation qui est une forme de torture est une violation des obligations du Soudan en matière de droits humains
Communiqué du Centre africain sur la justice et la paix (ACJPS)
Séparée de son mari, Maryam Alsyed Tiyrab était retournée vivre chez ses parents. Mais en juin dernier, elle est arrêtée et interrogée par un enquêteur de la police. Sans aucune plainte officielle, elle est convoquée au tribunal et jugée pour adultère. Le Code pénal soudanais fondé sur la loi islamique (la charia), prévoit la lapidation.
L’adultère, une affaire de femmes ?
L’ACJPS, qui agit pour promouvoir le respect des droits de l'homme et la réforme juridique au Soudan, demande aux autorités soudanaises d’annuler la condamnation et de garantir la libération immédiate de Maryam Alsyed Tiyrab.
Le procès est selon elle, entaché d’irrégularités. La jeune accusée n’a pas eu droit à un avocat et n'a pas vraiment compris ce qui lui arrivait. L'ONG souligne surtout que la plupart des jugements d’adultère au Soudan concernent des femmes.
Ce n’est pas la première fois qu’une femme est stigmatisée ou jugée dans ce genre d’affaire. En 2012, une autre Soudanaise de 20 ans de 20 ans, avait été condamnée à la mort par lapidation pour adultère qu'elle a avoué sous la torture. La sentence n’a pas été appliquée.
Une réforme qui se fait attendre
Maryam Alsyed Tiyrab devrait elle aussi échapper à la lapidation. La peine n’a pas encore été approuvée par la Haute Cour et ne le sera probablement pas. Mais cette affaire rappelle la nécessité d’abolir des lois archaïques prévoyant la lapidation, la flagellation ou l’amputation, comme le prévoit les peines islamiques "houdouds". Des châtiments qui sanctionnent l'adultère, le meurtre ou le vol.
En 2020, le gouvernement de transition avait annoncé l'abolition des lois discriminatoires en vigueur sous Omar el-Béchir, dans le cadre du processus de démocratisation du pays. La lapidation n'en faisait pas partie.
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