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Les shebabs, les islamistes de la corne de l'Afrique

Les shebabs, qui ont mené le 2 avril 2015 une attaque meurtrière dans une université du Kenya (147 morts), sont issus des Tribunaux islamiques chassés de Somalie par les troupes éthiopiennes avec le soutien des Etats-Unis de décembre 2006 à janvier 2007. Retour sur un mouvement très affaibli militairement en Somalie, qui a multiplié ces dernières années les attaques de type guérilla.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une étudiante rescapée de l'incursion armée des shebabs somaliens sur le campus de l'Université Moi, à Garissa (Kenya), le 2 avril 2015, lors de laquelle 147 personnes ont été tuées. (AFP PHOTO / CARL DE SOUZA)

Article publié initialement le 23 septembre 2013

Aile militante des Tribunaux islamiques liée à al-Qaïda, les shebabs, «jeunes» en arabe, se sont donnés d’autres noms : Shebab al-Mujahidin, Harakat Shebab al-Mujahidin… Ils compteraient environ 5000 hommes. Ils sont plus ou moins issus de groupes islamistes radicaux qui ont prospéré dans les années 90, lors des troubles qui ont suivi la chute du régime militaire de Siad Barre. Lequel a gouverné de 1969 à 1991. Les chefs des shebabs se seraient entraînés et auraient combattu en Afghanistan.

Le groupe est considéré par les autorités américaines comme une «organisation terroriste étrangère». Pour autant, il ne s’agit pas d’une organisation «centralisée ou monolithique (…) dans ses objectifs», observe le Centre national de contre-terrorisme (NCTC) du gouvernement des Etats-Unis. «Ses militants sont issus de clans disparates. Et le groupe est sensible à la politique des clans, subit des divisions internes et des renversements d’alliance». De plus, «la plupart de ses combattants s’intéressent principalement à la bataille contre le gouvernement de transition du pays (TFG) et ne soutiennent pas le djihad mondial».

Les shebabs avaient été chassés en 2011 de Mogadiscio, capitale de la Somalie, par la Force de l’Union africaine (Amisom) épaulant l’armée gouvernementale somalienne. Par la suite, ils ont été contraints d’abandonner tous leurs bastions du centre et du sud de la Somalie, pays à la pauvreté endémique. Mais ils contrôlent encore de vastes zones rurales.

L'élection en septembre 2012 du président Hassan Cheikh Mohamoud, après une décennie de gouvernements transitoires sans pouvoir ou corrompus, avait suscité l'espoir de doter enfin la Somalie d'une réelle autorité centrale. Mais le TFG peine toujours à asseoir son autorité face aux shebabs. Ceux-ci «restent la menace principale à la survie du nouveau gouvernement somalien», estime l'Institut pour les Etudes de sécurité (ISS), basé en Afrique du Sud. Selon l'ISS, leur objectif futur sera plutôt de «rendre le pays ingouvernable» et non plus de le diriger.

Combattant shebab avec son arme dans le sud de Mogadiscio, le 1-1-2011. (Reuters - Feisal Omara)

Dissensions
Même une violente purge menée par le chef suprême des shebabs, Ahmed Abdi Godane, contre une dizaine de commandants contestant son autorité n'a pas empêché la poursuite de leurs actions.

Pour autant, les sanglants affrontements internes à la mouvance ont étalé au grand jour les fractures existant depuis longtemps au sein du mouvement, entre notamment les «nationalistes» somaliens et les tenants du djihad mondial. Ces affrontements illustrent  aussi la volonté de leur chef suprême d'écarter toute opposition à son autorité pour favoriser une ligne plus radicale, selon des analystes.
 
Fin juin, ses hommes ont tué deux chefs historiques des shebab: Ibrahim Haji Jama Mead, surnommé al-Afghani («l'Afghan»), et Abdul Hamid Hashi Olhayi. Dans cette purge, deux autres dirigeants emblématiques du mouvement ont échappé aux fidèles de Godane. Le premier, Moktar Robow, a trouvé refuge dans sa région du Sud-Bakool et semble pour l'heure hors-jeu. Quant à Hassan Dahir Aweys, figure historique des islamistes en Somalie, visé par des sanctions américaines et de l'ONU pour ses liens avec le terrorisme, il a été arrêté dans sa fuite par les autorités somaliennes.

Mais la «capture d'Aweys ne marque pas la fin des shebabs. Elle pourrait au contraire encourager les tenants de la ligne dure à mener plus d'assauts meurtriers afin de contrer l'impression que les shebabs sont sur la défensive», prévenait alors un analyste.

Dernier épisode de ces dissensions internes: mi-septembre, les partisans radicaux de Godane ont tué un célèbre jihadiste américain combattant depuis 2006 en Somalie, Omar Shafik Hammami, alias Abou Mansour al-Amriki («Mansour l'Américain»).

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