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Polémique en Tunisie autour de la venue de Michel Boujenah

Le bureau exécutif de l’UGTT, le principal syndicat tunisien, a appelé le 4 juillet 2017 à annuler le spectacle de Michel Boujenah programmé au Festival international de Carthage. Le syndicat met en cause le soutien de l’artiste à Israël, uniquement appelé l’«entité sioniste» dans le communiqué. Au gouvernement, un brin gêné par la polémique, on appelle à la concertation…
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Michel Boujenah dans les ruines de Carthage en Tunisie en 2015. Un déplacement un mois après l'attaque du Pardo, en soutient à la Tunisie. (FETHI BELAID / AFP)

L’invitation de l’acteur et humoriste français, Michel Boujenah, né en Tunisie, à la 53e édition du Festival international de Carthage, provoque une vive polémique en Tunisie. L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a appelé le ministère de la Culture à annuler le spectacle du comédien, programmé au festival, en raison de ses positions qualifiées de pro-sionistes. 

Un brin embarassé, le ministère de la Culture, a annoncé que «conformément aux valeurs de la Révolution du 17 décembre-14 janvier 2011», il n’intervient plus dans la programmation des festivals, une tâche dont la responsabilité incombe à des personnalités nationales. Toutefois, il a rappelé que le soutien tunisien à la cause palestinienne est irréversible et se manifeste dans la coopération culturelle renforcée avec la Palestine. 


Antisionisme ou antisémitisme
Juif d'origine tunisienne, Michel Boujenah est accusé de défendre Israël. Dans une lettre ouverte, intitulée «nous ne voulons pas de sionistes, quelle que soit leur nationalité, sur nos scènes et dans nos festivals», les signataires écrivent que  «non seulement le comédien sioniste exprime son admiration, mais il se considère aussi comme une partie du "peuple israélien"». Les partisans de la campagne de boycott d'Israël se défendent de tout antisémitisme. 

Les réactions sont nombreuses sur les réseaux sociaux tunisiens. La polémique enfle entre ceux qui mettent en avant son attachement à son pays natal, la Tunisie, et ceux qui appellent au boycott de l’artiste en raison de ses positions supposées pro-israéliennes.


Mais pour l’Association de soutien aux minorités, qui explique cette polémique par «la haine à l’encontre des juifs», l’appel à boycotter son spectacle «sous prétexte de lutte contre le sionisme, n’est rien de plus qu’un acte anti-juif».

Boujenah: «Je serai à Carthage»
Pour Farah Hached, présidente du Labo' Démocratique, «si effectivement Boujnah a soutenu la politique criminelle israélienne, alors il est à boycotter. Le boycott est une position des individus et c'est un droit pour chacun de boycotter un spectacle. Qu'il soit juif ou bouddhiste, peu importe. Qu'il soit tunisien ou d'une autre nationalité, peu importe aussi. Qu'il soit blanc ou jaune ou noir, cela n'a aucune importance. Il ne s'agit ni de religion, ni de nationalité, ni de couleur de peau. Il s'agit d'une prise de position politique publique qu'une majorité de Tunisiens rejette et ils ont tout à fait le droit d'exprimer ce rejet par le boycott ou même par une manifestation pacifique s'ils le souhaitent, comme le leur garantissent la constitution et la loi de notre pays.»


«Mon amour pour la Tunisie est supérieur aux campagnes de dénigrement » C’est ce qu’a déclaré l’humoriste Michel Boujenah en réaction à la polémique. Et il confirme sa présence à Carthage le 19 juillet.

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