Smart City, Hub-Tec: l’Afrique se digitalise à grande vitesse
Bénin Smart City, le nouveau quartier numérique de Cotonou au Bénin est en chantier depuis le 11 Février 2016. L’infrastructure sera érigée sur un espace de 12 hectares. Coût total des travaux : 120 millions de dollars.
Le site abritera des centres d’incubation pour start-up, des data centers, des centres de surveillance de réseau, mais aussi des banques, des centres de conférence et des centres commerciaux.
Objectif affiché par les autorités du pays : faire de Bénin smart City, une plaque tournante de l’économie numérique en Afrique de l’Ouest. «L’économie numérique est la source première de la modernité de ce 21ème siècle. Si nous voulons renforcer notre croissance et la mettre à l’abri de tout aléa, c’est dans ce secteur que nous devons investir », a déclaré le président béninois, Thomas Yayi Boni en lançant les travaux de ce centre.
Tout peut se faire désormais en ligne
Dans la sous-région ouest africaine, chaque pays ambitionne d’être un pionner, de devenir un hub régional de négoce et de distribution à forte valeur ajoutée numérique.
C’est le cas au Nigeria dont la capitale, Lagos, dispose de sa «Silicon Valley». Installée dans le quartier de Yaba, elle abrite plusieurs incubateurs de start-up digitales.
Dans cette métropole de la première économie du continent, mieux vaut ne pas se séparer de son ordinateur, de ses téléphones portables et de ses tablettes. Tout peut se faire en ligne aujourd’hui à Lagos. L’économie virtuelle s’est considérablement développée. Elle génère un milliard d’euros de chiffres d’affaires.
Fournitures, meubles de bureau, textiles, accessoires de mode, les Nigerians peuvent acheter toutes sortes de produits sur internet. La capitale nigériane s’est installée sur le podium de l’innovation africaine, note l’Usine Digitale. Dans son dossier «Silicon Africa», le site raconte l’expérience de Jobberman, un succès de l’économie numérique au Nigeria.
«Cette plate-forme de recherche d’emploi achetée par One Africa Media a étendu son activité au Ghana. Elle a signé avec Microsoft pour développer des plate-formes facilitant la recherche d’emplois au Nigéria, au Ghana, au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie, au Rwanda et en Ethiopie.
Jobberman compte 1,5 millions d’utilisateurs et a déjà placé plus de 70.000 personnes», précise le site.
Le M-Pesa, une application populaire au Kenya
Sur le podium des champions, le Kenya est devenu au cours des cinq dernières années, le nouveau pôle africain de l’innovation technologique.
L’arrivée du téléphone portable dans ce pays au début des années 2000 a opéré une véritable révolution dans le secteur bancaire. En 2007, l’opérateur kenyan Safaricom eut l’idée géniale de lancer le M-pesa (Pesa signifie argent en swahili).
Le concept est simple : donner aux nombreux Kenyans qui ne possèdent pas de compte bancaires, la possibilité de déposer de l’argent sur un compte, d’en envoyer à un contact ou d’en retirer dans certains distributeurs du pays à l’aide de messagerie-texte (SMS).
Le succès fut immédiat. Le service compte aujourd’hui plus de 15 millions d’utilisateurs, soit un Kenyan sur trois. Il génère chaque mois 650 millions de dollars de transactions.
«L’Afrique est ainsi le premier continent en termes de m-banking, une technologie qui prouve encore une fois que l’innovation n’est pas l’apanage des pays du Nord» note l’opérateur SFR sur son site internet.
mPedigree, pour lutter contre les faux médicaments
Des applications innovantes, il s’en crée tous les mois à travers le continent.
Avec le Ghana, le Kenya, le Nigéria, le Niger, l’Ouganda et la Tanzanie, le Rwanda a mis à l’essai un système de contrôle des médicaments du nom de mPedigree.
Le système permet aux consommateurs d’envoyer un code par SMS à un numéro spécial et de recevoir, généralement quelques secondes plus tard, un message indiquant si le médicament répond aux normes.
Cette plateforme conçue par un Ghanéen, pourrait bien devenir une arme décisive dans la lutte contre les faux médicaments sur le continent.
Pour pallier aux systèmes de santé défaillants, quatre étudiants ougandais de l’université de Makerere à Kampala ont mis au point l’application Matibabu (centre médical en swahili). Un détecteur à infrarouges relié au smartphone dans lequel l’utilisateur insère son index, permet de vérifier si il est contaminé ou non par le plasmodium, le parasite qui cause le paludisme. La malaria est la première cause de mortalité en Ouganda.
Des ministères de l’économie numérique
Depuis quelques années, une nouvelle fonction est apparue au sein des cabinets ministériels africains, celle de ministre de l’Economie numérique et de l’Innovation. C’est le cas au Togo où le poste a été confié à une femme. Madame Cina Lawson, diplômée de Sciences Po Paris et de la Harvard Kennedy School.
Pour elle, le numérique doit être au cœur du développement socio-économique de l’Afrique. «Le décollage de l’économie numérique suppose une généralisation des connaissances techniques à tous les niveaux. L’Afrique doit développer une offre variée et diversifiée avec un contenu utile à la fois au développement social et aux entreprises», explique-t-elle dans une interview à Forbes Afrique.
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