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République démocratique du Congo : "Cela fait 30 ans que la communauté internationale échoue" à mettre un terme à la guerre dans l'est du pays

Face à l'échec de la communauté internationale, "les Africains reprennent la main" sur les violences en République démocratique du Congo, explique un journaliste.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président du Burundi, Evariste Ndayishimiye, accueille la présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, au sommet de la Communauté de l'Afrique de l'Est convoqué le 4 février 2023 sur la question des violences en RDC. (TCHANDROU NITANGA / AFP)

"Ça fait 30 que la communauté internationale échoue en RDC", explique Christophe Rigaud, journaliste et animateur du site afrikarabia.com, dédié à l’actualité de la République démocratique du Congo. Une déclaration en réponse au sommet qui s'est tenu samedi 4 février au Burundi et qui a réunit les sept pays de l'Afrique de l'Est autour de la question de la recrudescence des violences dans l'est de la RDC. Pour Christophe Rigaud - qui confirme que la situation s'est dégradée depuis le retour du groupe armé, le M23, fin 2021 - cette guerre "est une sorte de guerre sans fin". Selon lui, les Nations unies "ont baissé les bras", ce sont donc "les Africains qui reprennent la main".

franceinfo : Quelle est la situation en RDC ?

Christophe Rigaud : C'est une sorte de guerre sans fin qui tourne en boucle depuis maintenant presque 30 ans. Il faut savoir que l'ONU est présente sur place depuis 24 ans, c'est l'une de plus importantes missions des Nations unies du monde et elle n'a jamais réussi à ramener la paix à l'est du pays. L'ONU a baissé les bras sur le dossier congolais et là, ce sont les Africains qui reprennent la main avec la communauté des États des Afrique de l'Est.

"Ça fait 30 que la communauté internationale échoue en RDC."

Christophe Rigaud, journaliste et animateur du site afrikarabia.com

à franceinfo

Il y a actuellement environ 120 groupes armés qui sévissent dans l'est du pays. Il y a cinq millions de Congolais qui ont fui les zones de combats. Effectivement, la situation s'est dégradée depuis le retour d'un groupe armé, le M23, soutenu par le Rwanda qui a repris les armes fin 2021 et qui, depuis, a repris un certain nombre de localités dans l'est du pays.

Qui sont ces rebelles ?

Ce sont des rebelles qui avaient déjà pris les armes en 2012 avant de les reprendre en 2021 pour pousser Kinshasa à respecter les accords de paix qu'ils avaient signés au moment de leur reddition en 2013. Ces accords prévoyaient la réintégration des rebelles dans l'armée, la transformation du groupe en partie politique... Des accords qui n'ont jamais été respectés parce que Kinshasa a toujours refusé de négocier avec ce groupe. Donc on est dans une sorte d'impasse avec d'un côté, des rebelles qui avancent militairement sur le terrain, et de l'autre côté, une armée congolaise très faible qui recule devant des rebelles et qui n'arrive pas à reprendre le dessus militairement.

Il n'y pas de respect non plus de la feuille de route pour la paix signée en Angola l'été dernier ?

Il y a eu un premier accord signé en novembre qui actait déjà un cessez-le-feu et un retrait du M23 de ses positions. Le problème c'est que cet accord n'a jamais vraiment été respecté. Les rebelles ont occupé des nouvelles positions et là ils menacent de couper la route de ravitaillement vers la ville de Goma où vivent plus de deux millions d'habitants.

Comment explique-t-on toutes ces tensions ? Est-ce que ce sont les richesses minières qui attisent les convoitises dans la région ?

Il y a les ressources minières mais il y a aussi un État congolais faible et une armée qui n'arrive pas à protéger sa population. Toute cette zone à l'est du Congo est donc ouverte à tous les vents et notamment aux groupes armés qui sont très souvent instrumentalisés aussi par les pays voisins : le Rwanda, l'Ouganda et même le Burundi.

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