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République Démocratique du Congo : en crise politique, le pays est "au bord de l'implosion"

Le mandat présidentiel de Joseph Kabila s'achève mardi et le président sortant ne trouve pas de consensus avec l'opposition pour organiser une élection. Antoine Glaser, journaliste et écrivain spécialiste de l'Afrique fait le point sur une situation explosive, dimanche sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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Le mandat présidentiel de Joseph Kabila s'achève mardi. (ANDREW GOMBERT / EPA)

La République démocratique du Congo (RDC) traverse une crise politique alors que le mandat de son président doit s'achever mardi 20 décembre. Joseph Kabila doit négocier avec l'opposition pour trouver un consensus sur la tenue de l'élection présidentielle. "On rentre dans une année de tous les dangers" selon Antoine Glaser, journaliste et écrivain spécialiste de l’Afrique. "C'est un pays qui est actuellement au bord de l'implosion" a-t-il dit dimanche à franceinfo.

franceinfo : Après 15 ans de présidence de Joseph Kabila, quel est le bilan ?

Antoine Glaser : Le bilan n'est pas très brillant. La majorité de la population vit avec 1,90 dollar par jour. C'est un pays encore extrêmement pauvre avec des inégalités encore incroyables. Contrairement aux autres présidents de la région, il n'a pas encore changé la Constitution, mais c'est un glissement. Joseph Kabila considère que le pays n'a pas les moyens d'organiser des élections présidentielles. La Cour constitutionnelle a estimé qu'il était possible qu'il se maintienne au pouvoir jusqu'en avril 2018. Ce qu'attend l'opposition, c'est qu'il dise clairement qu'il ne briguera pas un nouveau mandat. C'est l'enjeu actuellement. Normalement, à partir du 20 décembre il n'a plus de légitimité, mais il s'est créé une légitimité avec une Cour constitutionnelle à sa main. La négociation portait justement sur le fait qu'il faut organiser des élections dans un délai beaucoup plus court qu'avril 2018, et surtout qu'il y ait des institutions de transition, et non pas qu'il se maintienne au pouvoir.

Si les négociations ne progressent pas, que le président se maintient, est-ce qu'on peut craindre des violences, notamment dans la capitale Kinshasa ?

Il y a un risque élevé. La Belgique et les États-Unis ont déjà demandé à leurs ressortissants de quitter le pays, et c'est vrai qu'on rentre dans une année de tous les dangers. Actuellement, les négociations ont été suspendues et ne doivent reprendre que mercredi prochain, le jour où Joseph Kabila n'est plus légitime, c'est une façon de verrouiller. Ce sont les évêques, les églises catholiques qui mènent les négociations entre le gouvernement et les oppositions, mais ça reste très tendu à Kinshasa et encore une fois on rentre réellement dans une période de grandes incertitudes dans ce pays. Il faut rappeler que quand il y a eu les manifestations les 19 et 20 septembre, il y a déjà eu 50 personnes qui ont été tuées et assassinées. C'est un pays qui est actuellement au bord de l'implosion.

Est-ce que cette période de transition est propice à un déchirement du pays ?

Le grand danger est non seulement au niveau de la RDC elle-même, mais il y a aussi des problèmes de l'autre côté du fleuve à Brazzaville, au Congo-Brazzaville, où il y a énormément de tensions. Au Burundi, vous avez aussi un certain nombre de problèmes. Si vous regardez l'Afrique, Kinshasa et la RDC, c'est un peu la gâchette du pistolet de l'ensemble du continent africain. C'est un peu le cœur mou du continent et c'est vrai que si ça va très mal en RDC, tous les pays voisins risquent également d'avoir un certain nombre de problèmes.

La capitale Kinshasa est placée sous haute surveillance - Reportage de Kamanda wa Kamanda Muzembe à Kinshasa

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