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Qui aide financièrement l'Egypte après la chute de Morsi ?

L'économie égyptienne est presque exsangue. Cependant, le pays doit toucher plusieurs milliards de dollars d'aides, de différents bienfaiteurs.

Article rédigé par Jelena Prtoric
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un homme passe devant l'étal d'un vendeur de pain, dans le centre du Caire (Egypte), le 11 avril 2013.  (ASMAA WAGUIH / REUTERS )

Le président écarté et la transition entamée, le temps est venu, en Egypte, de se pencher sur la situation financière. Car la crise politique se double d'une crise économique. Les préoccupations de nombre d'Egyptiens portent essentiellement sur la hausse du chômage et du coût de la vie, sur les coupures d'électricité et les pénuries de carburant. Depuis le renversement du président Hosni Moubarak, en février 2011, tous les indicateurs sont au rougeCependant, plusieurs pays viennent de proposer de verser des fonds à l'Egypte. Francetv info fait le point.

Qui sont les bienfaiteurs de l'Egypte?

Les pays du Golfe. Si le journal égyptien Ahram (lien en anglais) relève que de jeunes Israéliens collectent des fonds pour soutenir le pays en pleine transition, le gros de l'aide vient de trois pays du Golfe. Le Koweït, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis doivent injecter 12 milliards de dollars (9 milliards d'euros) dans l’économie égyptienne, ont-ils annoncé les 9 et 10 juillet. Ces enveloppes se composent de dons, de dépôts sans intérêts à la Banque centrale égyptienne et de produits pétroliers et gaziers.

Les Etats-Unis. Par ailleurs, les Etats-Unis versent chaque année à l'armée 1,3 milliard de dollars (1 milliard d'euros). Récemment cette aide financière s'est trouvée au cœur d'une polémique, notamment alimentée par le sénateur républicain John MacCain, qui a "appelé à la suspension de toute aide militaire", rapporte le Figaro. D'autres ont aussi critiqué cette contribution, rappelant que la loi américaine interdit au pays de soutenir financièrement un régime issu d'un coup d'Etat. Cependant, les aides sont maintenues pour l'instant, a indiqué Washington.

Pourquoi le font-ils ?

Les pays du Golfe. Leurs dons illustrent leur satisfaction quant à la chute de Mohamed Morsi. Au moment de l'arrivée de ce dernier à la tête du pays, certains ont redouté que les Frères musulmans, dont l'ancien président est issu, "ne profitent de cette assise pour exporter la contestation politique et sociale", soulignent Les Echos. De plus, rappelle le quotidien, l'armée, actuellement aux commandes du pays, a noué des liens forts avec l'Arabie Saoudite.

Cette aide fait également contrepoids à l'appui du Qatar, soutien des Frères musulmans qui avait versé des milliards de dollars à l’Egypte de Mohamed Morsi, comme l’expliquait Le Monde.fr. Le rapport de force entre les monarchies se rééquilibrerait ainsi dans cette zone.

Etats-Unis. L'apport américain fait suite aux accords de Camp David, en 1978, signés par les Etats-Unis, l'Egypte et Israël. Ce pacte sécuritaire prévoit une aide militaire de la part des Etats-Unis à l’Egypte, pour assurer la stabilité dans la région, "notamment pour l'allié israélien", rappelle RFI. D’ailleurs, les autorités israéliennes auraient pressé les États-Unis de ne pas couper cette aide militaire, d’après Le Monde.fr.  

Cependant, dans une Egypte anti-Morsi où les Etats-Unis n'ont pas la cote, le soutien militaire est davantage perçu comme un moyen de servir les intérêts américains que comme une aide. Au point que dans un article d'Al-Tahrir, traduit par Courrier international (accès abonnés), le rédacteur en chef du journal qualifie la présence américaine d'"occupation politique". Et pour lui, "la destitution de Mohamed Morsi anéantit la prétention américaine de diriger l'Egypte".

Que va faire l’Egypte de ces fonds ?

Les aides financières devraient redonner de l’oxygène à l’économie égyptienne, qui connaît de graves difficultés, rappelle RFILe pays est essouflé par l'inflation, les investissements étrangers ont chuté, et l'instabilité politique a eu de graves répercussions sur le tourisme. Le pays va sans doute d'abord se procurer du blé. Premier acheteur mondial, "l'Egypte ne disposerait plus que de deux mois de stocks devant elle", explique Finances.net.

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