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Nigeria : nouvelle vague d’attaques d’installations pétrolières dans le Sud

Ils se sont autoproclamés «vengeurs du delta du Niger» et revendiquent une série d’attaques d’installations pétrolières dans le delta du Niger. Des attaques dirigées contre les oléoducs des compagnies américaines, italiennes et anglo-hollandaises installées dans le sud du pays. Le nouveau groupe rebelle conseille vivement aux groupes étrangers de quitter le pays.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des milliers de pipelines parcourent la région du delta du Niger, comme ici à Port Harcourt. Les «Vengeurs du Delta du Niger» multiplient leurs attaques contre ces infrastructures et réclament une répartition équitable de la manne pétrolière.
  (Photo Reuters/Akintunde Akinleye)

Le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, l’a personnellement reconnu : les attaques perpétrées par «les vengeurs du delta du Niger» contre les installations pétrolières dans le sud du pays «menacent l’économie nationale». Il a donc ordonné le renforcement de la sécurité autour des installations pétrolières.
 
Selon un communiqué de la présidence du Nigeria, le chef d’état-major de la marine nigériane s’est vu confier la tâche de «réorganiser et renforcer les forces armées dans le delta du Niger pour qu’elles agissent efficacement contre la résurgence d’actes de sabotage visant les installations pétrolières».
 
Le président a assuré les compagnies étrangères qui opèrent dans la région que tout sera fait pour protéger le personnel et les infrastructures pétrolières.
                                                                                
Réduction de la production pétrolière
Le président nigerian a de quoi s’inquiéter. Les «vengeurs du delta du Niger» ont multiplié leurs attaques en mai 2016, provoquant une réduction conséquente de la production pétrolière de la première économie d’Afrique. En quelques semaines, la production journalière est passée de 1,9 million de barils à 1,4 million de barils. C’est le plus bas niveau enregistré depuis 1994.
 
Des oléoducs et des installations pétrolières exploitées par le géant anglo-néerlandais Shell et l’américain Chevron ont été visés, de même qu’une filiale de l’Italien ENI dont un gazoduc a été saboté dans l’Etat de Bayelsa, le 22 mai 2016. Des attaques accompagnées de mises en garde aux groupes étrangers qui opèrent dans le sud du Nigeria. Ils leur a été fortement conseillé de plier bagages et de quitter le delta du Niger.
 
Pour une meilleure répartition de la manne pétrolière
Pour l’instant, les anciens rebelles du Mend (Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger) refusent d’être associés à ces nouvelles actions violentes qui frappent la région.
 
Pourtant, le nouveau groupe d’activistes qui a relancé les hostilités a repris les mêmes revendications brandies déjà par les militants du Mend : «Une meilleure répartition des richesses dans cette région d’où provient la quasi-totalité du pétrole nigérian», premier producteur d’Afrique.
 
Ces nouvelles attaques font craindre un retour au scénario du début des années 2000, lorsqu’une flambée de violences dans le delta du Niger avait brusquement fait chuter la production. Les autorités nigérianes avaient finalement réussi à mettre fin à ces violences en 2009 par le biais d’une amnistie. 30.000 rebelles avaient déposé les armes en échange d’une aide à la formation et à la reconversion.
 
Le village de Yenagoa dans le delta du Niger, le 8 octobre 2015. Une région riche en pétrole mais où la population vit toujours dans une pauvreté extrême. Les «vengeurs du delta du Niger» menacent de poursuivre leurs actions violentes contre les compagnies pétrolières étrangères.  (Photo Reuters/Akintunde Akinleye)

Fin prochaine du programme d’aide aux anciens rebelles
Les nouvelles attaques lancées par les «vengeurs du delta du Niger» coïncident avec la fin prochaine du programme d’aide aux anciens rebelles. Le gouvernement, dont les revenus pétroliers ont littéralement fondus, y mettra fin en 2018.
 
Le budget fédéral accordé au programme d’amnistie était de 285 millions d’euros en 2015. Il a été réduit cette année à 90 millions d’euros.
 
De quoi susciter de nouvelles inquiétudes dans cette région où la plupart des habitants vivent dans une pauvreté extrême, alors que l’industrie pétrolière dégage des milliards de dollars.

Muhammadu Buhari a d’ores et déjà prévenu les nouveaux insurgés. Il ne tolérera aucune action visant à porter atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité du pays. L’armée a déjà arrêté plusieurs personnes en lien avec les attaques perpétrées ces dernières semaines contre les installations pétrolières.

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