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Otages : Issoufou, l’indispensable président du Niger

Le Président François Hollande a rendu hommage au travail du président du Niger pour la libération des otages d’Arlit. Mahamadou Issoufou discret jusqu’alors, entre de plain-pied dans le cénacle des hommes qui comptent en Afrique de l’Ouest.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le président Issoufou et Laurent Fabius, chef de la diplomatie française, accueillent les otages à leur arrivée à Niamey. (AFP/Hama Boureima)

Lors de sa prise de fonction, Jeune Afrique a fait un portrait dithyrambique du Président Mahamadou Issoufou. «La fibre sociale, il l’a depuis toujours» écrit le magazine. On ne peut rêver meilleure entrée en matière lorsqu’on est un homme politique.

Socialiste depuis quarante ans, Issoufou est un pilier du comité Afrique de l’Internationale socialiste. Cela lui a permis de croiser un certain…François Hollande, ainsi que les nouveaux chefs d’Etat de l’Afrique de l’ouest, le Guinéen Alpha Condé et le Malien Ibrahim Keita.
Mahamadou Issoufou est né en 1952. Il entre en politique dans les années 80. Ses premiers engagements sont pour un groupe clandestin qui lutte contre la dictature de Seyni Kountché.

La vie politique nigérienne est particulièrement troublée. On ne compte plus les coups d’Etat. Indépendant depuis 1960, le Niger en est à sa 7e république. Issoufou, nommé Premier ministre en 1993, va ensuite rester plus de quinze ans dans l’opposition, avant de remporter les élections présidentielles de 2011. Ces élections voulues par une junte militaire, se sont déroulées dans d’excellentes conditions. Tous les observateurs reconnaissent la qualité démocratique du scrutin.
 
Un ancien de l'uranium
Mahamadou Issoufou est donc « bien né» en politique. Il en connait tous les rouages. Mais celui que les militants de son parti appellent «Zaki» (le lion) a un autre atout.
Il a aussi une parfaite connaissance de ce qui fait la richesse du pays: l’uranium.

Ingénieur des mines formé en France à St-Etienne, Mahamadou Issoufou devient directeur des mines au Ministère de l’Industrie du Niger de 1980 à 1985. Et surtout, il sera durant sept ans détaché à la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR). Il quittera la société en 1992. Cette filiale d’Areva dont l’Etat nigérien détient 30 %  exploite le gisement d’uranium d’Arlit. C’est sur ce site qu’avaient été enlevés les otages.
 
Sa biographie officielle révèle aussi un détail qui a son importance. «Il est un des rares hommes politiques à se rendre fréquemment dans le Niger profond, parcourant des milliers de villages pour s’enquérir des conditions de vie de ses concitoyens.».
Méthode qu’on peut juger électoraliste et démagogique, mais qui permet de se forger de solides relations qui peuvent servir un jour. Du reste, l’homme de confiance du président dans le règlement de la prise d’otage, Mohamed Akotey, est Touareg.
Il est également président de la seconde filiale d’Areva au Niger…
 
La renégociation des conventions minières
Tous ces ingrédients font que naturellement Mahamadou Issoufou est un personnage incontournable dans le dossier des otages d’Arlit. De plus, Issoufou avait de bonnes raisons de jouer les intermédiaires. Depuis le début de l’année d’âpres négociations ont lieu entre son pays et Areva sur le renouvellement des conventions minières.

Le Niger voudrait faire passer sa part des recettes de 5 à 20 %. Areva, premier employeur privé du pays ne l’entend pas de cette oreille et menace de partir pour la Mongolie, où elle est déjà installée.
Aujourd’hui peut-elle refuser quelque chose à l’homme qui a aidé à libérer ses otages ?

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