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Mohammed VI réclame un nouveau souffle pour les vingt ans de son règne

Pour le 20e anniversaire de son arrivée au pouvoir, le roi du Maroc a annoncé la création d’une commission spéciale chargée de réfléchir au modèle de développement que doit choisir le pays.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le roi Mohammed VI lors de l'inauguration de l'usine PSA de Kenitra le 20 juin 2019. (FADEL SENNA / AFP)

Le roi du Maroc Mohammed VI a prononcé le 29 juillet 2019 son traditionnel discours annuel sur l’état du pays. "Les dernières années ont révélé l’incapacité de notre modèle de développement à satisfaire les besoins croissants d'une partie de nos citoyens, à réduire les inégalités sociales et les disparités spatiales. C'est la raison pour laquelle Nous avons appelé à sa réévaluation et à sa réactualisation", a déclaré Mohammed VI lors de son discours. Il attend de cette commission un "constat exact de l’état des lieux" du royaume.

Ainsi, le roi semble avoir fait siennes les réserves des observateurs sur son bilan de vingt ans de règne. Beaucoup y voient une bouteille à moitié pleine. Car au-delà des rails du TGV qui relie Tanger à Casablanca, la réalité économique et sociale est très contrastée. D'ailleurs, beaucoup ont dénoncé un scandale quant à la construction de ce train, réservé à une élite, alors que le pays manque d’écoles.

Développement économique

Et à l’heure où Tanger-Med est en passe de devenir le premier port d’Afrique, à Al Hoceïma, à l’autre bout du Rif, la population réclame davantage de développement économique, se sentant abandonnée. En 2016, un vendeur de poisson était mort broyé dans une benne à ordures, où il tentait de récupérer sa marchandise, saisie et jetée par la police.

En 2018 à Jerada, l’histoire a semblé bégayer. La contestation a fait également suite à un tragique fait divers. Cette fois, ce sont des mineurs de charbon qui sont morts ensevelis dans une mine illégale. Leur mort rappelle que dans cette ville de l’Oriental, depuis la fermeture des mines, il n’y a plus de travail. Alors, spontanément, la population est descendue dans la rue pour réclamer sa part des richesses.

Zones d'ombre

Du reste, le gouverneur de la Bank Al Maghrib, la banque centrale marocaine, est inquiet pour l’avenir du pays. Dans le rapport qu’il a remis au roi ce 29 juillet, il note que "l'atonie des activités non agricoles depuis 2013 commence à devenir préoccupante". Selon Abdellatif Jouahri, c'est la conséquence directe du manque d’investissements privés, malgré les nombreuses mesures d’incitation. Le bilan est sans appel, le tissu économique marocain est "fragmenté, fragile et affaibli par l’informel, les pratiques déloyales, la corruption et les délais de paiement".

Aussi, le social reste à la traîne. La santé et l’éducation sont les laissés-pour-compte du système. Le niveau initial scolaire est encore très bas, puisque le pays compte un taux d’analphabétisme de 32% en 2014. Chez les femmes, il est du double de celui des hommes (42-22 %). Il est également surtout rural. Mais il faut remarquer que cela est marqué par le poids de l’Histoire. Pour la tranche d’âge des 10-14 ans, le taux d’analphabétisme n’est plus que de 3,7%.

"Main-d'œuvre peu préparée"

Le progrès est constant, mais hélas tardif, dans une société qui risque de rater le virage des nouvelles technologies faute d’une main d’œuvre qualifiée et formée. "La révolution digitale est en train de rehausser de manière radicale les exigences du marché du travail, rendant l’accès à l’emploi plus difficile pour des pans entiers de la main-d’œuvre peu préparée aux métiers de demain", explique Abdellatif Jouahri, le gouverneur de la banque centrale.

L’éducation constitue sans doute "la Nouvelle Frontière" que Mohammed VI entend atteindre grâce à ce nouveau souffle.

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