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La galerie Abla Ababou à Rabat donne "Carte blanche à Mahi Binebine" pour présenter la nouvelle scène artistique marocaine

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Publié Mis à jour

Les jeunes artistes marocains s’emparent de différentes techniques et de tous les médiums – peinture, dessin, photographie, sculpture, vidéo…– pour raconter le monde contemporain et leurs univers intérieurs.

Jusqu’au 18 avril 2022, la Abla Ababou Galerie de Rabat, au Maroc, a confié au célèbre artiste Mahi Binebine la présentation des réalisations de onze jeunes artistes marocains. Deux de ses œuvres accompagnent cet accrochage.

La place de l’homme dans nos sociétés modernes, la discrimination des femmes, l’urbanisation sauvage, la quête existentielle… sont autant de thèmes abordés par ces artistes nés pour la plupart au début des années 1990.

"Plus qu’une exposition, cette carte blanche à Mahi Binebine est un véritable parcours initiatique où l’art bouscule nos réalités", déclare la galerie.

Mahi Binebine (né en 1959) s’installe à Paris en 1980 pour y poursuivre ses études de mathématiques, matière qu’il va enseigner pendant huit ans. Mais très vite, il décide de se consacrer à l’art à travers la peinture, la sculpture et l'écriture. Il a depuis publié dix romans dont "Les étoiles de Sidi Moumen" traduit dans une dizaine de langues et adapté au cinéma par Nabil Ayouch sous le titre "Les chevaux de Dieu". Après avoir passé près de 25 ans à Paris, il émigre à New-York en 1994. Ses peintures font aujourd’hui partie de la collection permanente du musée Guggenheim. En 2002, il retourne s’installer définitivement au Maroc, où il est l’un des peintres le plus célèbres. Dans un grand entretien à "Afrique magazine", il déclare au sujet d’être à la fois écrivain et plasticien que "les deux cohabitent en parfaite harmonie. (…) L’écriture est un processus laborieux, difficile, je m’évertue à chercher le mot juste dans les dictionnaires, les encyclopédies… Tandis qu’entrer dans mon atelier est toujours un moment de joie, d’excitation. Car je ne sais pas où je vais. Je vais rencontrer des silhouettes, des personnages, des histoires, sans savoir où ceux-ci vont me mener ni quel sera le résultat."    (MAHI BINEBINE)
Après des études de graphisme, Meriem Ait Tagadirt se consacre au dessin, et plus particulièrement au portrait. Les brimades, les injustices, le harcèlement subis par les femmes dans des sociétés sexistes et rétrogrades sont des thèmes qui hantent ses toiles, entre réalité et imaginaire. Mais dans ses œuvres, l’artiste critique avant tout le manque d’éducation réservé aux filles depuis leur plus jeune âge, condamnant ainsi leur autonomie et leur liberté de penser.    (MERIEM AIT TAGADIRT)
Mounia Dadi est une artiste autodidacte née en 1980. Après son Bac, elle s'installe à New York et obtient un double "Bachelor of Arts" en communication et histoire de l’art. Depuis, elle se consacre entièrement à la peinture. Son travail s’articule autour de la notion de dualité et d’altérité dans la représentation de la condition humaine. Ses toiles sont l'expression de cette insatiable dualité tout en contrastes, forçant le Moi et le Surmoi à se rencontrer dans un dialogue intérieur : "Je suis une manichéenne partagée entre le spleen et l'idéal de la vie. Je suis une pessimiste aux élans optimistes, avant tout une idéaliste endurcie."    (MOUNIA DADI)
Ilias Elhaddaoui a suivi une formation en dessin de bâtiment et topographie. En 2016, il s’inscrit à l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan pour se consacrer à l’art. Sculpture, peinture ou vidéo sont les différents médiums qu’il utilise. Il se penche sur la problématique de "l’Homme et de la nature" en se servant de l’éthologie, une science qui s’intéresse au comportement des espèces animales – y compris l’humain – dans leur milieu naturel ou un autre environnement. Il a créé ainsi son propre discours plastique, mêlant sciences et philosophie pour tisser des liens entre notre humanité et le règne animal. Son travail est une démonstration visuelle de la philosophie antispéciste qui dénonce la discrimination arbitraire selon l’espèce et qui place les animaux ainsi que les humains sur un même pied d’égalité.      (ILIAS ELHADDAOUI)
Après être sortie diplômée de l'Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech en 2015, Hasnae Elouarga a collaboré à plusieurs films documentaires. Adepte de la photographie analogique en noir et blanc, elle s’aventure dans un processus de création expérimental. De la double exposition aux photogrammes et à la scanographie, elle recherche en permanence de nouvelles manières de recréer son travail qu'elle définit comme une perpétuelle réactualisation du passé et du lointain, des souvenirs qui peuvent à tout moment envahir le présent, "des échos fragmentés, illustrés par des images qui émanent presque de l'inconscient ou de la mémoire intime d'inconnus ou de lieux marqués par des choses que le temps n'a pu effacer", déclare-t-elle.      (HASNAE ELOUARGA)
Née en 2000, Inès El Mansouri est la plus jeune artiste présentée à cette manifestation. Elle vit aujourd’hui en Suisse et poursuit un Bachelor en art visuel à la Haute école d’art et de design de Genève. Ses origines à la fois marocaines, françaises et allemandes tiennent une place majeure dans son travail qui tente de les mixer afin de créer des liens. Mais c’est avant tout sa culture arabo-berbère qui est au cœur de sa recherche plastique. Elle se la réapproprie pour revisiter son histoire oubliée en réalisant un véritable travail de mémoire.    (INES EL MANSOURI)
Yasmine Hadni vit entre le Maroc et les Etats-Unis où elle prépare un Master of Fine Arts à la School of the Art Institute of Chicago. A travers différents supports (vidéo, peinture, dessin et gravure), son travail oscille entre le politique, le social et l’intime. "La reconstruction de mes souvenirs d’enfance est au cœur de mon travail. Je cherche à créer une image qui résiste au temps. Une mise en scène du théâtre familial avec ses joies et ses drames se déroulant parfois simultanément. L’humain est un être inconstant à la mémoire imprécise. Tout souvenir est forcément fragmentaire."    (YASMINE HADNI)
Sabrine Lahrach a suivi une formation à l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan, dont elle est sortie majore de promotion en 2018. Grâce à sa maîtrise de différentes techniques plastiques, elle s’attaque à des thématiques comme le rapport de l’Homme avec le temps, l’espace et la quête de sens de son existence. Elle s’intéresse également aux objets et à leurs caractéristiques comme les machines et leurs engrenages. L’artiste puise l’essentiel de son inspiration de son enfance heureuse, au sein d’une famille modeste.        (SABRINE LAHRACH)
Après avoir obtenu le premier prix de peinture du concours Port de Tanger Med, Hamouda Mouzouna sort diplômé en 2017 de l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan. Le travail de ce passionné de dessin et de peinture est hanté par le thème de la mort et de la disparition. "Mes œuvres, malgré leur côté sombre, voire morbide, sont porteuses d’espoir. Elles reflètent notre dualité et notre quête vers la lumière malgré le spectre de la mort qui rôde en permanence. La mort fait partie de la vie et c’est ce qui rend notre existence à la fois tragique et précieuse."      (HAMOUDA MOUZOUNA)
Saad Nazih est lauréat de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Casablanca en 2011. Il est membre de plusieurs mouvements, associations et fondations à travers le monde. Saad Nazih revendique un côté globe-trotteur nécessaire à sa créativité et a bénéficié durant plus de dix ans de nombreuses résidences d’artistes à l’étranger (Norvège, Pologne, Belgique, Espagne, Turquie, Thaïlande, Serbie, Inde, Corée du Sud et Qatar). Ces pays lui ont ouvert les yeux sur un monde aux coutumes multiples. Le peintre a reçu à ce jour plusieurs premiers prix pour la qualité de son travail et participé à de nombreuses expositions.    (SAAD NAZIH)
Après avoir obtenu son diplôme à l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan en 2017, Noureddine Ouarhim a pu explorer la sculpture, la peinture, la céramique, le dessin et la lithographie. "Influencée par Haha, la province d’Essaouira dans laquelle j’ai grandi, ma démarche plastique est un véritable questionnement sur mes origines. La terre, les graines d’orge, les écorces et les racines d’arbres, avec toute leur charge symbolique, sont mes matériaux de prédilection. Dans mes travaux, j’exprime l'existence, l’humanité, l’identité, les origines… la vie tout simplement."  (NOUREDDINE OUARHIM)
Née dans une famille d’artistes, Oumayma Abouzid expérimente peinture, dessin, gravure, installation, art vidéo, photographie et chant mis au service d’une approche conceptuelle de l’art. Depuis sa première année à l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan dont elle est sortie diplômée en 2021, elle recherche à travers ses travaux une meilleure connaissance de soi-même. "Ma démarche artistique consiste en une analogie poétique entre les domaines philosophique, psychologique et scientifique. Ce métissage est mon moteur."    (OUMAYMA SOUALI ABOUZID)

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