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Le géant pétrolier Exxon quitte la Guinée équatoriale et cherche un repreneur

L'avenir du champ pétrolier de Zafiro illustre le rôle des compagnies qui assurent une seconde vie aux puits jugés peu rentables.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Plateforme pétrolière dans le golfe de Guinée. Photo d'illustration. (MARTIN BUREAU / AFP)

Depuis deux ans, le monde du pétrole s'agite à propos du départ d'ExxonMobil du champ pétrolier offshore de Zafiro en Guinée équatoriale. Si Exxon veut se désengager, c'est que sa production a considérablement chuté.

Situé à la limite de la frontière maritime du pays avec le Nigeria, il est entré en production en 1996. Le champ a produit jusqu'à 280 000 barils de pétrole par jours en 2004. Mais depuis, la production a chuté et est trois fois moindre.

En janvier 2020, le groupe américain a officiellement annoncé vouloir s'en séparer. Si Exxon déclare négocier avec à peu près tout le monde pétrolier, un nom revient régulièrement, celui de Trident Energy. Un groupe franco-britannique dont l'argent est à Londres, le savoir-faire et le management en France. Un petit Poucet dans un secteur où les mastodontes font la loi. A ce jour, les négociations n'ont toujours pas abouti. 

 Le petit Poucet est spécialisé dans une activité peu connue du grand public : l'exploitation de gisement en fin de vie. Cela ne veut pas dire que les puits sont à sec. Sur Zafiro les réserves s'élèveraient encore à plus d'un milliard de barils. Mais le gisement n'est juste plus rentable aux yeux de la compagnie qui l'exploite. Trop de frais et pas assez de bénéfices.

Optimiser l'exploitation

C'est dans ce segment que se glisse Trident Energy et ses homologues. La compagnie va chasser la moindre goutte de pétrole, en optimisant la production. Pas n'importe où non plus, mais sur des structures géologiques propices. En bordure du champ pétrolier, elle va également partir à la chasse de nappes encore inconnues ou jugées peu rentables.

Négligeable pour les uns, rentable pour d'autres, cela semble paradoxal. Il n'y a pourtant rien de magique ici. Il s'agit juste d'optimiser un savoir faire partagé par la profession. "Nous appliquons une attention médico-légale aux détails, réinterprétant les données souterraines et tirant parti de l’infrastructure existante pour redévelopper et redynamiser les champs" explique Trident Energy sur son site internet.

On peut aussi ajouter que ces entreprises n'ont pas les mêmes frais que les "majors", au train de vie souvent "généreux". Elles n'ont pas à amortir les frais d'exploration, les frais généraux et la masse salariale y sont resserrés.

Elles emploient ainsi largement du personnel local, aux salaires et aux frais biens inférieurs à ceux des expatriés. "Nous faisons le maximum nous-mêmes, en développant les compétences au niveau local avec 850 employés, dont seulement une dizaine d’expatriés. Et nous essayons de recourir le moins possible aux techniciens", explique à Jeune Afrique un dirigeant de Perenco, le leader français du secteur, à propos d’un site en République démocratique du Congo (RDC).

L'Afrique cœur de cible

Perenco est ainsi devenu le numéro deux français de l'exploitation pétrolière derrière le géant Total, et le spécialiste de la relance de gisements en fin de vie. En dix ans, Perenco aurait multiplié sa production de pétrole par six. L’Afrique est son terrain de chasse. Au Gabon en 1992, puis au Cameroun l'année suivante. Vont suivre : la RDC, le Congo et la Tunisie.

De son côté Trident Energy, créé par d'anciens cadres de Perenco, s'est positionné en Guinée équatoriale en y rachetant deux champs en 2017. La compagnie assure que la production y a grimpé de 25% en quelques mois.

Un savoir faire qui intéresse bien évidemment les pays où se situent les gisements. Bien sûr, les volumes extraits de ces puits sont bien loin des volumes des meilleures années. Mais cela assure encore quelques rentrées fiscales avant que le rideau ne tombe définitivement.

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