Coup d'Etat au Gabon : quand Ali Bongo se rêvait en "James Brown gabonais"
Un itinéraire déroutant. Des militaires ont annoncé mettre "fin au régime en place" au Gabon, un coup d'Etat visant le président sortant Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans et dont la réélection venait d'être annoncée dans la nuit. Juste après l'annonce officielle dans la nuit de la victoire d'Ali Bongo avec 64,27% des voix, un groupe d'une douzaine de militaires était apparu sur les écrans de la chaîne de télévision Gabon 24, annonçant l'annulation de la présidentielle.
Le chef de l'Etat est l'héritier d'une famille qui dirige ce pays d'Afrique centrale riche en pétrole depuis plus de 55 ans. À la tête du Gabon depuis 14 ans, Ali Bongo a dû plusieurs fois lutter pour asseoir son pouvoir, hérité de son père.
"A Brand New Man"
Pourtant, le chemin n'était pas tracé. Comme le note plusieurs articles de presse, notamment les Inrocks, le jeune Alain-Bernard Bongo, devenu Ali Bongo quand son père convertit la famille à l'islam en 1973, ne se voyait alors pas une carrière politique. Partageant une enfant dorée - avec ces 52 frères et soeurs officiels - entre le Gabon et l'Europe - et notamment son enfance à Alès, dans le Gard -, il étudie rapidement au collège Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) avant d'entamer des études de droit à l'université de la Sorbonne, à Paris.
Mais ce sont d'autre lumières qui l'attire : celles de la scène. À 18 ans, le jet-setteur reconnu, passionné de musique, se rêvait alors comme le "James Brown gabonais". Comme le prouve l'enregistrement, en 1977, d'un 45 tours teinté "soul funk disco", nommé A Brand New Man.
Des extraits, disponibles sur YouTube, mettent en lumière ses talents, avec notamment une reprise remarquée du thème du film Rocky dans une version funk, enregistrée avec des musiciens renommés, dont Fred Wesley, trompettiste et arrangeur et, surtout, directeur musical de James Brown. L'ex-manager du "Godfather of Soul", Charles Bobbit, sera également de la partie.
Un studio d'enregistrement dans le palais présidentiel
Finalement, en 1989, Omar Bongo lui offre, à 29 ans, un maroquin de luxe, les Affaires étrangères, puis dix ans plus tard le stratégique portefeuille de la Défense, qu'il occupera jusqu'en 2009. Pourtant, la musique n'a pas tout à fait quitter le chef de l'Etat : comme le note Jeune Afrique, lorsqu’il devient président du Gabon, il y fait aménager un studio d’enregistrement où il compose de nombreux morceaux, notamment pour sa mère et ex-femme d'Omar Bongo, la chanteuse Patience Dabany.
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