En Egypte, le ramadan débute sur fond d'austérité
Le ramadan débute samedi 27 mai dans les pays musulmans. En Egypte, où les réformes économiques ont provoqué l'inflation, le mois de jeûne s'annonce austère.
Le ramadan débute ce samedi 27 mai pour les musulmans. Un mois "de piété et de partage" placé sous le signe de l'austérité en Egypte. D'après l’agence de statistique égyptienne CAPMAS, l’inflation a atteint 33% au mois d’avril (44% pour les denrées alimentaires), son plus haut niveau depuis 30 ans.
Pour redresser une économie malade et obtenir un prêt de 12 milliards de dollars auprès du FMI, le président Abdel Fattah al-Sissi s'est résolu à laisser flotter la livre égyptienne. Depuis novembre dernier, la monnaie a perdu plus de la moitié de sa valeur par rapport au dollar.
Le gouvernement "effraie les gens"
La situation provoque la colère des vendeurs et des clients des marchés du Caire. "Tout devient plus cher c'est très très dur, si j'avais l'habitude d'acheter deux kilos de tomates, maintenant, je n'en achète plus qu'un avec toutes les factures qui augmentent", témoigne une mère de famille, provisions à la main. Le gouvernement a adopté une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en taillant dans les subventions allouées au carburant, à l'électricité ou au gaz. Des réformes toujours reportées auparavant, les autorités craignant une explosion sociale.
Jusqu'à présent, le gouvernement maîtrise la situation. "Ils effraient les gens, Sissi est un criminel, les gens n'osent plus rien faire maintenant" estime un vendeur de poulets, dont les ventes ont chuté de 75%. "Même si tu dis quelque chose sur Facebook, tu prends 15 ans. On ne peut parler de rien. Si vous parlez, ils viennent vous chercher chez vous et vous emmènent au poste (...) et les médias passent tout ça sous silence."
Des cartes de rationnement jugées insuffisantes
Conscient de la colère qui gagne la population, le gouvernement a annoncé une augmentation du montant des cartes de rationnement habituellement fixé à 1 euro 60 par mois. Elle s'élève à 14 livres, soit 70 centimes d'euros. Environ 71 millions d'Egyptiens touchent cette aide, jugée insuffisante par cette vendeuse de pommes de terre, vêtue d'une abaya noire. "Nous sommes en train de vivre des jours comme nous n'en avons jamais connu avant (...) on ne peut rien vendre, rien acheter (..) Cela fait cinq jours que je n'arrive pas à vendre [mes pommes de terre] et je ne peux pas nourrir mes enfants" explique-t-elle.
Le président Abdel Fattah al-Sissi a promis de rendre compte de son bilan à la tête de l'Egypte en janvier prochain mais il pourrait avoir du mal à le défendre face à une population dont le niveau de vie a dégringolé ces dernières années.
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